Seize ans après le massacre du 28 septembre 2009, la douleur des victimes reste atroce et les zones d’ombre judiciaires persistent. Au cours d’une conférence de presse organisée ce dimanche 28 septembre 2025 à Conakry, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA) et l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) ont dressé un constat amer. Le procès historique ouvert en 2022 est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Au nom de l’OGDH, son président Me Alpha Amadou DS Bah a dénoncé les blocages dans la suite judiciaire du dossier. Il a pointé en particulier l’inégalité dans le processus d’indemnisation : certaines victimes ont bénéficié de réparations, tandis que d’autres restent exclues.
« C’est vrai, un jugement a été rendu le 31 juillet 2024. Mais ce n’est pas la fin du dossier, puisque la procédure n’est pas close. Certaines victimes se réjouissent d’avoir été indemnisées, mais une grande frange reste totalement oubliée », a-t-il déploré.

Une grâce présidentielle jugée « illégale »
L’avocat est également revenu sur la grâce accordée par décret présidentiel au capitaine Moussa Dadis Camara, principal accusé dans ce dossier. Selon lui, cette décision viole les dispositions du code de procédure pénale.
« Une grâce n’est possible qu’une fois la procédure devenue définitive. Or, après le jugement de 2024, toutes les parties – à l’exception d’un seul condamné – ont relevé appel. Le dossier est toujours pendant devant la Cour d’appel de Conakry. En l’état, ce décret est donc illégal et envoie un message d’impunité inquiétant », a martelé Me Bah.
Un procès en appel toujours bloqué
Un an après le dépôt des recours, aucune audience n’a encore été programmée. Pour le président de l’OGDH, ce silence judiciaire est incompréhensible : « Dès lors qu’il y a appel, la suite logique est que la Cour l’examine. Cela fait une année que nous attendons sans aucune visibilité. Nous considérons qu’il s’agit d’un blocage manifeste. La justice guinéenne, qui s’est illustrée en rendant un jugement historique, doit poursuivre son travail et lever ces obstacles », a-t-il insisté.
Des dossiers complémentaires en attente
Au-delà du procès principal, Me Bah a rappelé que des procédures complémentaires restent également en souffrance, notamment celles concernant le Colonel Bienvenue Lamah et Georges Touaro, cités lors des révélations de l’ancien aide de camp Toumba Diakité. Ces affaires, pourtant renvoyées devant le tribunal criminel de Dixinn depuis près d’un an, n’ont toujours pas été programmées.
« Il n’existe pourtant aucun obstacle juridique. L’État a l’obligation d’organiser ces procès pour que la Guinée puisse, enfin, tourner la page douloureuse du 28 septembre », a conclu le président de l’OGDH.
Lire l’article original ici.