Quand la mémoire rencontre la modernité, le cœur de l’Afrique bat plus fort. En séjour à Bamako, l’ancien ministre guinéen des Mines et de la Géologie, Ahmed Kanté, n’a pas fait que traverser la capitale malienne en visiteur de passage. Il y a renoué, avec intensité et humilité, les fils invisibles de la mémoire africaine, lors d’une rencontre hautement symbolique avec Bourama Soumano, figure tutélaire de la parole vivante au Mali.
Accompagné de Lalamalan Kanté, vice-président de l’Association des Descendants du Sosso Soumahoro Kanté (ADSK), et d’une délégation aussi discrète qu’engagée, Ahmed Kanté a tenu à rendre un hommage personnel à cet homme devenu, au fil du temps, bien plus qu’un simple parolier : un monument vivant de la tradition orale ouest-africaine.
Et dans l’intimité de cette visite, l’émotion était palpable. Car ce n’est pas tous les jours que deux piliers de la conscience historique africaine se croisent pour célébrer les racines communes de leurs peuples.
Une école d’humanité
Dans une atmosphère empreinte de respect et de profonde admiration, Bourama Soumano s’est laissé toucher par le geste. Les mots qu’il a choisis pour saluer cette démarche en disent long sur la grandeur d’âme de ce sage :
« La visite de M. Kanté m’amène dans une école d’humanité. Je comprends que moi aussi, je dois continuer à apprendre. À partir d’aujourd’hui, je me mets à son école. »
Une déclaration bouleversante par sa simplicité, qui rappelle que même les maîtres les plus accomplis restent des élèves de la vie. Une leçon d’humilité en miroir de ce qu’il prône depuis toujours : une société fondée sur les valeurs de transmission, de respect intergénérationnel et d’enracinement culturel.
Pour lui, la vraie richesse ne se mesure ni en titres académiques ni en fortunes accumulées, mais dans l’héritage moral, spirituel et éducatif que nos anciens nous lèguent.
Une admiration partagée
Face à ce géant de la mémoire, Ahmed Kanté, visiblement ému, a pris la parole pour exprimer sa profonde reconnaissance et son admiration sincère :
« Ce n’est pas un simple parolier, c’est un fin connaisseur de notre histoire contemporaine. Si nos leaders prenaient le temps d’écouter ces voix enracinées, ils comprendraient mieux les fondements de nos sociétés. »
Il a ainsi appelé à revaloriser la parole ancestrale, encore trop souvent ignorée dans les sphères modernes de la gouvernance et du développement. Pour lui, la connaissance ne s’arrête pas aux bancs d’école : elle s’incarne aussi – et peut-être surtout – dans ces hommes et femmes qui portent en eux les vérités oubliées de nos civilisations.
« Si seulement on consacrait 10 % du temps que l’on donne aux médias étrangers à écouter nos anciens, on accéderait à une autre vérité », a-t-il glissé, non sans une pointe de regret.
Une rencontre, un symbole fort
Dans cette rencontre hors du temps, la Guinée et le Mali ont vibré à l’unisson, portées par un même souffle : celui d’une Afrique qui se raconte par elle-même, sans filtres ni détours.
Plus qu’une visite, ce moment aura été une reconnexion puissante entre deux gardiens de la mémoire collective, entre deux peuples unis par le sang, l’histoire, et surtout, par la parole vivante.
Lire l’article original ici.