Arrivé en France en 2019 depuis la Guinée, Mamadou Garanké Diallo s’était peu à peu construit une nouvelle vie en Seine-Maritime, où il suivait une formation de boucher. Apprécié de son entourage, soutenu par son employeur et bien intégré dans sa commune d’adoption, le jeune homme de 21 ans rêvait d’un avenir stable en France. Mais ce rêve s’est tragiquement brisé : selon Le Parisien, il a perdu la vie en septembre dernier près de Dunkerque, alors qu’il tentait de rejoindre l’Angleterre.
Un jeune intégré et apprécié
Arrivé mineur sur le territoire français, Mamadou Diallo avait été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Installé à Darnétal, près de Rouen, il s’était rapidement intégré dans la vie locale. Il travaillait comme apprenti boucher dans un commerce de proximité et entretenait une relation très forte avec son patron, qu’il appelait affectueusement « papy », confiait-il à Actu Normandie en 2023.
Mais son parcours s’est compliqué lorsque l’administration a remis en cause sa minorité et son identité à son arrivée, entraînant la délivrance d’une première Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Une solidarité locale, puis un nouvel espoir
Cette décision avait suscité une vague de solidarité. Une pétition de soutien, signée notamment par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et plusieurs députés, avait permis de suspendre la mesure. En 2023, grâce à une carte d’identité consulaire, Mamadou avait obtenu un titre de séjour provisoire de deux ans lui permettant de travailler légalement.
« Il avait appris un métier, il était intégré, il avait un appartement, et tout à coup, on n’en voulait plus. C’est incompréhensible », regrettait un membre du comité de soutien cité par BFMTV.
La peur, puis le drame
Mais en juin 2025, une seconde OQTF lui est adressée. Craignant une expulsion imminente, le jeune homme décide de tenter sa chance outre-Manche. En septembre, son corps est découvert près de Dunkerque, à Loon-Plage. D’après ses proches, il aurait été mortellement percuté par un camion alors qu’il cherchait à traverser.
« Soldat adorable parti pour OQTF, ce document qui tue… », a écrit sur Facebook une proche, Koura, qui l’avait hébergé et identifié après sa mort.
« C’est l’OQTF qui l’a tué »
À Darnétal, la nouvelle de son décès a provoqué une profonde émotion. « Il voulait nous préserver, mais il vivait dans la peur et la précarité. En cherchant un avenir meilleur, il a perdu la vie », a témoigné Lara Lavesque, qui l’avait accueilli temporairement, auprès de France 3 Normandie.
Son employeur, Frédéric Bécu, ne cache pas sa colère :
« C’est l’OQTF qui l’a tué. Il avait du travail, j’étais prêt à lui donner un CDI. C’était un bon gars, un bout en train. Tous les clients pourraient vous le dire. »
Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de ce drame. Une autopsie a été ordonnée.
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