Le gouvernement guinéen a lancé ce lundi, 7 juillet 2025 un important forum dédié à la gestion et au recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Cette rencontre de haut niveau, organisée par le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme à travers l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC-Guinée), s’est tenue dans la salle d’audience du procès du 28 septembre 2009, à la Cour d’appel de Conakry. Elle bénéficie du soutien de l’AGRASC-France.
Placée sous la haute présidence du Premier ministre Amadou Oury Bah, la cérémonie a rassemblé des magistrats, procureurs, juges de paix, chefs de greffe et officiers de police judiciaire, autour du thème : « Gérer pour mieux recouvrer et restituer ».
Le forum se déroule sur deux jours et vise à renforcer l’efficacité de la chaîne judiciaire dans la lutte contre la délinquance économique.
Dans son allocution, le directeur général de l’AGRASC-Guinée, Alpha Sény Camara, est revenu sur la genèse de l’agence, fruit d’un décret présidentiel en août 2023, matérialisant l’engagement du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, à doter la Guinée d’un outil stratégique contre la criminalité financière.
Selon lui, sans la volonté politique des autorités actuelles, la mise en place d’un tel dispositif n’aurait pu voir le jour : « l’AGRASC est le dernier maillon de la chaîne pénale dans la lutte contre les crimes économiques. C’est une arme fatale contre la délinquance financière.»
Il a aussi salué la coopération avec l’AGRASC-France, qui bénéficie de plus de 15 ans d’expérience. Des échanges bilatéraux, à Paris en février et avril 2025, ont jeté les bases de ce forum international.
Pour sa part, Alpha Saliou Barry, président du Conseil d’administration de l’AGRASC, a souligné que cette rencontre marque une étape majeure dans le processus de moralisation de la vie publique :
« Servir, conserver et redistribuer les biens issus d’activités illicites, c’est renforcer l’État de droit et restaurer la confiance citoyenne. »
Il a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales, d’harmoniser les pratiques judiciaires et de mettre en place des mécanismes transparents de traçabilité des fonds récupérés au profit de la collectivité.
Le ministre de la Justice, Yaya Kaïraba Kaba, à quant a lui salué l’organisation de ce forum comme une avancée significative dans la lutte contre les infractions économiques.
« La récupération des biens mal acquis n’est pas un acte accessoire. Elle est au cœur même de notre mission de justice. »
Il a plaidé pour une application rigoureuse des procédures de saisie et de confiscation, une meilleure coopération interinstitutionnelle, et la formation continue des magistrats sur les mécanismes juridiques en vigueur.
Bah Oury : « Refonder l’État, c’est d’abord renforcer la justice »
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre Bah Oury a appelé à éviter les approches fragmentées dans la gestion des avoirs saisis :
« Il est essentiel d’harmoniser les actions entre les juridictions, les régies financières et les institutions publiques. La saisie des biens doit servir l’intérêt général. »
Il a souligné l’importance du partage d’expérience avec les partenaires internationaux, notamment la France, pour permettre à la Guinée d’éviter les écueils rencontrés ailleurs.
Une étape décisive pour la Grâce Guinée
Créée officiellement en 2023, mais prévue depuis 2016 dans le Code de procédure pénale, l’AGRASC-Guinée veut désormais jouer un rôle central dans la lutte contre le blanchiment, le détournement de fonds publics et l’enrichissement illicite.
Ce forum constitue la première grande activité institutionnelle de l’agence depuis sa mise en place. Il vise à ancrer son action dans le paysage judiciaire guinéen et à asseoir sa légitimité auprès de tous les acteurs de la chaîne pénale.
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