L’hypertension artérielle (HTA) est aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique, touchant des milliards de personnes dans le monde. Selon le dernier rapport de l’OMS, l’hypertension était responsable de 1,36% de tous les décès en Guinée, soit 1 348 décès. Le taux de mortalité ajusté en fonction de l’âge est de 27,96 pour 100 000 habitants, plaçant la Guinée au 49e rang mondial pour ce taux.
Selon Dr Zakaria Diallo, médecin DES au service de cardiologie de l’hôpital national Ignace Deen, « L’hypertension artérielle, c’est une maladie des vaisseaux qui entraîne une élévation persistante de la pression artérielle au-delà de 140/90 mmHg », explique d’emblée le Dr Diallo. « C’est la première maladie chronique dans le monde. Elle touche aujourd’hui environ 1,5 milliard de personnes. Un adulte sur trois sera hypertendu au cours de sa vie ».
En Afrique, la situation est tout aussi préoccupante. La prévalence de l’HTA varie entre 30 et 40 %, et en Guinée, elle s’établit à environ 30 %. « Elle touche davantage les personnes âgées et se découvre souvent par hasard, lors d’un contrôle de routine. Mais certains signes peuvent alerter, comme les maux de tête, les saignements de nez (épistaxis), les bourdonnements d’oreilles, les palpitations ou les vertiges », précise-t-il.
Le traitement de l’hypertension est une démarche à long terme. Pour le médecin, c’est une maladie chronique dont la prise en charge est à la fois simple sur le plan médical, mais complexe sur le plan socio-économique.
» Les examens et les médicaments sont souvent coûteux, et comme c’est une pathologie à vie, cela devient un fardeau financier pour beaucoup de patients », regrette le cardiologue.
Bien que certains fonctionnaires bénéficient d’une couverture médicale partielle, de nombreux malades restent sans soutien, ce qui limite leur accès à une prise en charge adéquate. « Vu le niveau de pauvreté dans notre pays, beaucoup de patients trainent leur traitement, exposant leur santé à des complications graves comme les AVC, les infarctus, ou encore l’insuffisance rénale », alerte Dr Diallo.
Dans plus de 90 % des cas, l’hypertension est dite primaire c’est-à-dire sans cause identifiable. Cependant, certains facteurs de risque peuvent être contrôlés. « Le sport régulier, une alimentation riche en fruits et légumes, la réduction du sel, éviter les excitants comme l’alcool ou les cubes Maggi, tout cela peut aider à prévenir la maladie », conseille le cardiologue.
Dans les moins de 10 % des cas, l’HTA peut être secondaire à une autre pathologie comme une maladie rénale, une sténose de l’artère rénale, ou encore à la prise de certains médicaments comme les corticoïdes. « Il y a même des cas liés à des produits cosmétiques contenant des corticoïdes, utilisés par certaines femmes. Le stress prolongé est également un facteur aggravant », ajoute-t-il.
Dr Zakaria Diallo insiste sur l’importance du dépistage précoce, surtout à partir de la cinquantaine ou en cas d’antécédents familiaux. « Il ne faut pas attendre de présenter des symptômes pour vérifier sa tension. Chaque consultation médicale doit être l’occasion de mesurer la pression artérielle ».
Pour les patients déjà diagnostiqués hypertendus, il n’y a pas de place pour l’improvisation : « Le seul moyen de contrôler l’hypertension, c’est de prendre ses médicaments chaque jour, à vie. Il faut également respecter les régimes hygiéno-diététiques et les rendez-vous médicaux »
Par ailleurs, l’hypertension artérielle est une maladie silencieuse, chronique et largement répandue. Si elle ne peut pas toujours être prévenue, elle peut être contrôlée avec un suivi médical rigoureux et des habitudes de vie saines. Le message du Dr Diallo est clair : ne pas attendre les complications pour agir.
Lire l’article original ici.