Au terrain de football du Centre technique de Nongo, recouvert de gazon synthétique, le constat est amer. C’est désormais un sol dégradé, avec des tapis arrachés, gondolés et par endroits remplacés par du sable ou des cailloux. La sous-couche noire affleure, formant des plis dangereux qui menacent directement la santé physique des joueurs. Malgré tout, les entraînements quotidiens continuent.
Chaque jour, de nombreuses académies de football se partagent le terrain. Certaines occupent l’espace le matin, d’autres dans la journée, et certaines encore le soir, autour de 20 heures, parfois même sans éclairage.

Barry Ibrahim, entraîneur de l’académie « Inter sportive », témoigne des risques encourus : « On a un problème de terrain et d’espace aussi, parce qu’il y a plus d’académies que de terrain. (…) J’ai déjà eu deux ou trois jeunes blessés à cause de l’état du terrain. Le terrain est complètement dégradé. Mais on fait avec parce qu’il n’y a pas d’autres terrains. »
Dans ces conditions, les blessures sont fréquentes et parfois invisibles au moment des faits : « Un joueur peut se blesser ici, mais il ne va pas le sentir sur le coup. Après, le lendemain, on voit qu’il y a un gonflement au niveau de la cheville par exemple. »

Malgré les filets usés et la pelouse en lambeaux, le football continue de se jouer à Nongo, uniquement porté par la passion des jeunes.
La DTN impuissante face à la situation
À la Direction technique nationale (DTN), on est conscient du problème mais les solutions se font encore attendre. Mohamed Kanfory Bangoura est conscient qu’il faut agir : « On a un regard parce qu’il y a au niveau de la Direction technique nationale une personne qui s’occupe des académies. (…) Pour agréer une académie, il y a des critères. Mais il y a un petit retard dans l’organisation. »
Face à l’état du terrain, il se dit touché mais sans moyens d’action : « je lance un cri du cœur aux bonnes volontés. Ce n’est pas normal. Il y a tellement d’inconvénients que si ce n’est pas par amour, personne ne pourrait s’entraîner sur un terrain comme ça. Mais je n’ai pas la solution. »
Quant à l’idée de faire contribuer financièrement les académies pour l’entretien du site, le DTN rejette l’option : « La DTN n’a aucun pouvoir de demander à une académie de payer pour la réparation ou l’installation d’un terrain. Peut-être que c’est une bonne idée, mais à mûrir. »
Des académies qui paient déjà
Pourtant, sur le terrain, les entraîneurs affirment que l’accès est bel et bien payant. Ibrahim Barry de l’académie « Inter sportive » confirme : « On paye le terrain, c’est payant par mois. »
Même constat chez Alhassane Titi Cissé, qui gère cinq catégories de jeunes :
« Chaque mois, on paye pour s’entraîner ici. Sur le nouveau terrain, la location coûte 300 000 francs pour 1h30. C’est pourquoi on en profite pour organiser des matchs amicaux. Mais le problème du terrain reste. Même pour des exercices simples de mise en place, ça nous fatigue. »
A l’image des grands stades, la Guinée peine à trouver des terrains pour ses académies. Avec cette situation, le football guinéen a-t-il de l’avenir. That’s the question !
Lire l’article original ici.