2:17 am - 22 juin, 2025

Sous un tonnerre d’applaudissements et un parfum de sororité transfrontalière, la 3ᵉ édition de Wo’Mines a rassemblé ce samedi 21 juin 2025 à Conakry des professionnelles de la mine venues de Guinée, de Côte d’Ivoire et du Ghana. Pour la première fois, la rencontre annuelle de Women in Mining Guinée (WIM Guinée) a franchi les frontières, offrant une tribune à plus de 300 femmes décidées à redessiner un secteur longtemps resté masculin.

« L’avenir du secteur minier se construit avec les femmes »

La ministre guinéenne de l’Environnement et du Développement durable, Djami Diallo, a planté le décor : « Un pays ne peut se développer durablement en marginalisant plus de la moitié de sa population. L’avenir du secteur minier se construit avec les femmes.»

La ministre a détaillé les mesures de son département pour protéger les travailleuses exposées au mercure dans l’orpaillage artisanal, soutenir la réinstallation des communautés affectées par le projet Simandou et financer des “emplois verts” portés par des femmes : fourneaux de fumage du poisson à Moribaya, replantation d’espèces menacées, ou encore programmes de foyers améliorés pour réduire l’empreinte carbone.

Star de la journée, l’ex-Seconde Première Dame du Ghana, Samira Bawumia, a galvanisé la salle :  « Les femmes ne sont pas seulement bénéficiaires du développement ; elles en sont les architectes. Dans toute la chaîne de valeur, de la géologie à la logistique, nous devons être visibles, écouatées et décisionnaires. »

Rappelant que la diversification énergétique des mines est « à la fois un enjeu climatique et un levier économique », la fondatrice d’AfriWork a plaidé pour l’intégration des femmes dans les métiers techniques et la transition vers le solaire et les systèmes hybrides.

Sous-traitance, leadership et chiffres alarmants

Placée sous le thème « Voix d’impact en Afrique : amplifier le leadership féminin par la sous-traitance minière », l’édition 2025 a aussi mis en exergue l’urgence sociale. Charlotte Daffé, ministre de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, a brandi des statistiques glaçantes : plus de 12 000 cas de violences basées sur le genre recensés en 2023, dont une forte proportion dans les zones minières.

« C’est en garantissant la sécurité, la dignité et le respect des femmes dans les zones minières que nous construirons un secteur durable, éthique et inclusif », a-t-elle martelé, appelant entreprises, ONG et institutions à « tenir leurs promesses ».

Présidente de WIM Guinée, Aissata Béavogui a rappelé l’essence même de Wo’Mines :  « Cette journée est un symbole, une plateforme, un engagement collectif pour que les femmes soient enfin visibles et associées à la transformation d’un secteur stratégique. »

Elle a salué les partenariats noués avec AngloGold Ashanti, Rio Tinto Simfer ou encore la Chambre des mines de Guinée, soulignant la montée en puissance des entrepreneures locales dans la sous-traitance, de la fourniture de denrées à la maintenance d’engins.

Les délégations ivoirienne et ghanéenne ont partagé leurs bonnes pratiques : coopératives féminines de traitement de déchets miniers à Abidjan, laboratoires de certification dirigés par des femmes à Accra, fonds d’investissement inclusifs. Autant d’exemples destinés à « élever les vies autant que les minerais », selon la formule de Samira Bawumia.

Au terme des travaux, un « pacte pour l’inclusion et la durabilité » a été paraphé : il prévoit des rapports annuels de diversité, un quota minimal de 30 % de femmes dans les nouveaux recrutements techniques, et une enveloppe de 5 millions USD pour financer des start-ups vertes portées par des entrepreneures guinéennes d’ici à 2027.

Pourquoi c’est important ?

La Guinée est 2ᵉ producteur mondial de bauxite, mais les femmes ne représentent que 15 % de la main-d’œuvre formelle du secteur minier.

Selon la Banque mondiale, chaque point de pourcentage de femmes supplémentaires dans l’industrie lourde peut ajouter 0,2 point de PIB dans les pays en développement grâce aux gains de productivité et aux retombées locales.

« Wo’Mines n’est pas qu’un événement. C’est le début d’un nouveau paradigme où, des galeries souterraines aux conseils d’administration, les femmes prendront toute la place qu’elles méritent », a conclu la ministre Djami Diallo.

Rendez-vous est déjà pris pour la 4ᵉ édition, annoncée à Abidjan en 2026 — preuve que la solidarité féminine, comme la richesse minérale, n’a pas de frontières.

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