7:50 pm - 19 juin, 2025

Peu de territoires dans le monde cumulent autant d’oubli international et d’enjeux géopolitiques que le Sahara occidental.

Coincé sur la côte ouest de l’Afrique du Nord, ce territoire désertique d’environ 600 000 habitants vit dans l’ombre des grands conflits mondiaux. Pourtant, les récentes évolutions pourraient bien en faire un foyer d’instabilité majeure pour la région et au-delà.

Un passé colonial inachevé

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental n’a jamais connu de véritable processus de décolonisation. Lorsque l’Espagne s’est retirée en 1975, le territoire a été immédiatement annexé par le Maroc, provoquant l’ire du Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu principalement par l’Algérie. Depuis, un statu quo fragile s’est installé, ponctué par des affrontements et des négociations avortées.

Un cessez-le-feu négocié en 1991 sous l’égide de l’ONU avait fait espérer un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis. Plus de trente ans plus tard, ce référendum n’a jamais eu lieu. Et en novembre 2020, le Polisario a mis fin à la trêve, relançant les hostilités contre le Maroc.

La menace d’un chaos djihadiste

Derrière le discours de libération du Polisario se cache une réalité plus sombre. Depuis 2021, plusieurs attaques du mouvement ont visé des civils marocains. Des rapports d’ONG, notamment basées à Genève, accusent le Front Polisario de recruter des enfants soldats et d’empêcher des milliers de jeunes Sahraouis de poursuivre leur scolarité, les enrôlant de force dans des camps militaires.

Ces pratiques, combinées à l’instabilité croissante dans le Sahel, alimentent les craintes de voir le Sahara occidental devenir un sanctuaire pour les groupes djihadistes. Dans un contexte régional déjà marqué par l’insécurité au Mali, au Niger et au Burkina Faso, un territoire non contrôlé par un État stable pourrait bien devenir le prochain maillon faible.

L’équation diplomatique

En décembre 2020, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Une décision controversée, que certains acteurs, notamment en Europe et à l’ONU, continuent de contester. Ces voix appellent Washington à revenir à sa position initiale de 1991, favorable à un référendum.

Mais pour nombre d’observateurs, ce retour en arrière serait non seulement irréaliste, mais aussi dangereux. Dans un monde marqué par l’effritement des États et la montée de l’extrémisme, renforcer la présence d’un allié stable comme le Maroc apparaît pour les États-Unis comme une stratégie pragmatique.

Une question d’intérêt et de stabilité

Le Sahara occidental n’est pas qu’un désert oublié. C’est un territoire stratégique, au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient. Y laisser s’installer une autorité faible ou hostile pourrait avoir des conséquences bien au-delà de ses frontières.

Loin des projecteurs, le sort du Sahara occidental illustre une réalité du monde contemporain : tous les conflits ne sont pas médiatisés, mais certains ont le potentiel de redessiner les équilibres régionaux. À l’heure où les tensions mondiales s’exacerbent, le silence autour de ce territoire pourrait bien être le prélude à une tempête.

Avec The National Interest

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