Alors que l’économie guinéenne affiche une croissance soutenue, la Banque mondiale appelle à des réformes structurelles pour rendre cette dynamique plus inclusive et durable. Dans un rapport publié ce 1er juillet 2025, intitulé « Mobilisation et gestion des ressources intérieures pour un développement inclusif et durable », l’institution met en lumière les défis persistants liés à la mobilisation des recettes publiques et à la transformation structurelle de l’économie guinéenne.
Selon cette deuxième édition du Rapport de suivi de la situation économique en Guinée, le pays a enregistré une croissance de 5,7 % en 2024. Une accélération est attendue avec une projection de 6,5 % en 2025, puis une moyenne de 10 % entre 2026 et 2027, tirée principalement par l’essor du secteur minier, notamment grâce au projet stratégique de Simandou. Mais cette croissance reste peu inclusive : la pauvreté touche encore 52 % de la population, faute d’emplois en dehors du secteur extractif.
« Ces dernières années, la Guinée a connu une croissance robuste, portée par les mines et l’agriculture. Le défi majeur demeure la transformation de cette croissance en opportunités d’emplois pour les Guinéens », explique Marilyne Youbi, économiste à la Banque mondiale et principale auteure du rapport.
Le document pointe également une détérioration du solde budgétaire, avec un déficit estimé à 4,8 % du PIB en 2024, aggravé par une dette publique en hausse. En cause : des investissements massifs dans les infrastructures et une performance fiscale encore insuffisante. Les recettes fiscales ne représentent que 13,1 % du PIB, un niveau inférieur à la moyenne régionale, et jugé trop faible pour financer les services publics essentiels, tels que l’éducation, la santé ou les infrastructures de base.
Pour y remédier, le rapport recommande plusieurs mesures concrètes visant à renforcer la mobilisation et la gestion des ressources intérieures. Parmi les principales pistes évoquées figurent :
- l’application rigoureuse des dispositions prévues dans les codes des impôts et du secteur minier ;
- le renforcement du contrôle fiscal ;
- l’amélioration de la base de données des contribuables ;
- la numérisation accrue de l’administration fiscale ;
- et une gestion plus efficiente des dépenses publiques et des investissements.
« Ce rapport souligne l’urgence de réformes profondes pour une croissance plus inclusive et résiliente », insiste Issa Diaw, représentant résident de la Banque mondiale en Guinée. « Avec le projet Simandou qui pourrait profondément transformer l’économie nationale, la Guinée dispose d’une fenêtre d’opportunité qu’il faut impérativement exploiter pour que les retombées profitent à tous. »
Dans un contexte de transition économique, les auteurs du rapport appellent à un recentrage des priorités autour de la viabilité de la dette, de la stabilité macroéconomique et des investissements dans le capital humain. Le potentiel de transformation offert par les ressources naturelles devra s’accompagner, conclut le rapport, d’une stratégie fiscale et budgétaire ambitieuse, capable de bâtir une économie plus diversifiée, inclusive et résiliente.
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