La capitale guinéenne accueille, du 24 au 25 juin, un événement d’envergure continentale : le Colloque international sur le financement du développement local par les ressources minières, couplé à l’Assemblée Générale du Réseau des Institutions Africaines de Financement des Collectivités (RIAFCO).
Organisée conjointement par l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC) et le RIAFCO, cette rencontre réunit une cinquantaine de participants, dont des représentants de collectivités locales, des institutions financières africaines, des partenaires techniques et financiers ainsi que des experts du développement territorial.
Une réponse à un paradoxe africain
Le thème retenu, « Comment mobiliser les ressources minières au service d’un développement local inclusif, durable et équitable ? », met en lumière une problématique bien connue des pays africains riches en ressources naturelles : l’exploitation minière cohabite souvent avec la pauvreté, le sous-équipement des collectivités et la faiblesse des services publics de base.
Prenant la parole en ouverture des travaux, le ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le Général Ibrahima Kalil Condé, a dressé un constat sans détour : « Ce paradoxe interpelle notre conscience collective. Il nous appelle à repenser en profondeur les modèles de gouvernance minière et à garantir une meilleure distribution des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. » Il a souligné les réformes engagées par la Guinée depuis 2021, sous l’impulsion du CNRD, avec comme piliers la décentralisation et l’utilisation structurée des ressources minières, notamment à travers le Fonds National de Développement Local (FNDL) et le Fonds de Développement Économique Local (FODEL), pilotés par l’ANAFIC.
Créé en 2014, le RIAFCO regroupe aujourd’hui 15 institutions membres issues de 14 pays africains. Son président, Fidel A. Yapi, a rappelé l’importance stratégique du réseau pour mutualiser les expériences, renforcer les capacités des Institutions de Financement des Collectivités Locales (IFCL) et défendre leur accès aux financements internationaux, notamment climatiques.
« Conakry devient en 2025 la capitale africaine de la réflexion territoriale, après Bamako, Abidjan, Rabat, Antananarivo et Yaoundé », a-t-il indiqué, avant d’ajouter : « Notre réseau accompagne aujourd’hui près de 6 000 collectivités. Nous croyons qu’il est possible de transformer les revenus miniers en moteurs de développement équitable et durable pour nos territoires. »
La Guinée, un « scandale géologique » en quête de transformation
Pour Sékou Mawa Touré, Directeur général de l’ANAFIC, la Guinée est confrontée à une contradiction profonde : pays aux richesses minières immenses, mais où « les retombées réelles pour les collectivités locales sont longtemps restées marginales ». Il plaide pour une gestion responsable et rigoureuse des fonds issus de l’exploitation minière, en conformité avec les textes en vigueur et en partenariat étroit avec les collectivités impactées.
Du côté du ministère des Mines, Bouna Sylla a salué l’initiative du colloque, qu’il considère comme une étape clé pour inscrire la Guinée dans une dynamique inspirée de modèles réussis : « Ce que l’Arabie Saoudite et les Émirats ont fait avec leurs hydrocarbures, la Guinée doit pouvoir le faire avec ses ressources minières. Ce colloque doit ouvrir une nouvelle ère de transformation des richesses minières en capital humain.»
Un programme ambitieux et des objectifs concrets
Les deux journées de colloque prévoient plusieurs sessions stratégiques :
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Des conférences thématiques sur la fiscalité minière, le financement local, l’économie verte et l’inclusion sociale ;
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Des échanges d’expériences, avec une immersion dans une commune accompagnée par l’ANAFIC ;
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L’adoption d’une fiche thématique sur la mobilisation des ressources naturelles ;
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La révision des documents de gouvernance du RIAFCO et l’élection d’un nouveau bureau lors de l’Assemblée Générale Ordinaire Élective.
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Des délégations venues du Burundi, du Burkina Faso, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, de Madagascar, du Niger, du Sénégal, du Togo et de la Tunisie prennent part à cette rencontre. Un symbole fort de la volonté commune de faire des ressources naturelles un levier de développement territorial.
Ce colloque se veut donc plus qu’un espace de discussion : un cadre de formulation de solutions concrètes pour que, selon les mots du ministre Ibrahima Kalil Condé, « les ressources minières cessent d’alimenter la frustration des populations impactées et deviennent des catalyseurs d’équité, de prospérité locale et de stabilité sociale ».
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