Depuis plusieurs mois, la Guinée traverse une grave crise de liquidités. Les longues files d’attente devant les guichets des banques, les plafonnements des retraits et la rareté des billets en circulation traduisent un malaise profond.
Cette crise sans précédent n’épargne pas les acteurs de la monnaie électronique. Dans de nombreux points de vente, les retraits Orange Money sont devenus quasi impossibles, particulièrement dans la capitale Conakry.
Ce mardi 19 août, un reporter de VisionGuinee est allé à la rencontre des usagers au marché Koloma afin de recueillir leurs témoignages sur cette situation qui impacte fortement la population.
Un taxi-motard, souhaitant rester anonyme, raconte qu’il hier, ‘’j’étais au niveau de la cité Enco5 lorsqu’un fonctionnaire m’a sollicité pour l’accompagner retirer de l’argent sur son compte Orange Money. Il avait déjà tourné autour du carrefour pour trouver où retirer 2 000 000 GNF, en vain. Ensuite, il m’a demandé de l’aider à trouver un point de retrait, car il n’avait plus d’argent sur lui. Nous avons tourné partout, fatigués, et à chaque fois, dans les points de vente, les agents nous disaient qu’il n’y a pas de retrait. Comme je n’avais aucun sou avec moi, je lui ai même offert le transport’’.
Une gérante de boutique Orange Money au marché Koloma explique que cette crise dure depuis plus d’un mois. ‘’Nos fournisseurs n’ont pas d’argent. Quand ils vont à la banque, ils n’arrivent pas à faire des retraits. De plus, les clients ne font pas de dépôt, ils ne demandent que des retraits. Or, sans dépôts, il est impossible d’effectuer des retraits’’, précise-t-elle.
Elle ajoute que chaque matin, elle ouvre sa boutique sans pouvoir satisfaire les demandes de retrait de ses clients : ‘’À 99 %, les gens viennent uniquement pour retirer de l’argent. Je peux passer 3 à 4 jours sans que mon fournisseur m’envoie de l’argent. Pourtant, nous avons des charges, la location et d’autres dépenses familiales. L’État doit fournir des explications sur ce manque de liquidités et nous aider à sortir de cette crise’’, martèle la gérante.
Mamadou Oury Bah confie, quant à lui, qu’il cherche depuis près d’une semaine à retirer 10 000 000 GNF, en vain : ‘’Ça fait maintenant une semaine que j’essaie de récupérer 10 000 000 GNF de mon compte Orange Money pour une affaire familiale, mais c’est impossible’’, se plaint-il.
Il ajoute qu’à date, ‘’on ne sait pas où se trouve l’argent du pays, et les autorités doivent communiquer sur cette affaire qui fatigue la population. Partout où tu vas pour un retrait, on te dit qu’il n’y a pas d’argent, et nous, on n’a pas compris’’.
Souleymane Diallo, un autre gérant de boutique de transfert d’argent, fait remarquer que ‘’quand tu vas à la banque, tu ne reçois pas d’argent. Les dépôts sont devenus rares, et désormais ce sont les retraits qui posent problème. Beaucoup de personnes ont lié leur compte Orange Money à leur compte bancaire. Lorsqu’elles vont à la banque et ne trouvent pas d’argent, elles transfèrent directement depuis leur compte bancaire vers Orange Money pour pouvoir effectuer un retrait chez nous. Mais nous rencontrons toutes les difficultés du monde, car il n’y a pas de liquidités’’.
À l’issue d’une réunion ce mardi 19 août à Conakry, la Banque centrale et les banques primaires se sont engagées à travailler de concert pour améliorer, dans les jours à venir, la disponibilité des liquidités dans le système financier, afin de restaurer la confiance des citoyens et faciliter les transactions quotidiennes.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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