CONAKRY – Face aux critiques liées à la crise de liquidité et à l’arrivée de nouveaux billets, le gouvernement guinéen tente de rassurer. En conférence de presse ce lundi, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, a apporté des éclaircissements. Selon lui, il ne faut pas faire d’amalgame entre le manque de cash et une éventuelle inflation due à l’importation de nouveaux billets par la Banque centrale.
“Il faut faire attention. Les gouvernements de tous les pays du monde fabriquent régulièrement de l’argent. Soit parce que les billets sont usés et qu’on les recycle. Ce sont des milliards en valeur chaque année qui sont retirés de la circulation puis réinjectés à travers de nouveaux billets. C’est pour cela qu’on en fabrique régulièrement. Et c’est pareil partout dans le monde”, a-t-il expliqué.
Concernant la crise actuelle, le ministre estime qu’elle n’est pas d’ordre économique. “Ce n’est pas une difficulté économique. C’est une forme d’inquiétude. Cela veut dire que nous gardons plus d’argent dans nos portefeuilles, dans nos coffres-forts ou à domicile, plutôt que dans les banques. Lorsque l’argent est thésaurisé, il ne circule pas, i ne passe pas de votre poche à celle du voisin, c’est ça la crise de liquidité. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’argent, mais que les Guinéens préfèrent le conserver chez eux”, a-t-il détaillé.
Le gouvernement entend saisir cette occasion pour accélérer la dématérialisation des paiements et favoriser la digitalisation. “Ce que nous voulons, c’est encourager d’autres modes de paiement que les billets. Mais c’est vrai qu’au marché, il est encore plus simple de payer les condiments en cash que via Orange Money ou d’autres solutions numériques. L’objectif est d’accroître les paiements dématérialisés. Cela nous mettra à l’abri des crises de liquidité”, a ajouté Ousmane Gaoual.
Selon lui, plusieurs facteurs expliquent la réticence des citoyens à déposer leur argent en banque : le manque de confiance et la fiscalité. “Aujourd’hui, l’État s’est modernisé avec la digitalisation. Lorsqu’une entreprise doit de l’argent à l’État, celui-ci peut se servir directement sur le compte bancaire. Beaucoup s’en inquiètent, alors que c’est une pratique normale partout dans le monde. Cela accroît la méfiance des acteurs économiques qui préfèrent sortir leur argent des banques pour le garder chez eux. Mais cela ne signifie pas que l’économie souffre, seulement que l’argent circule moins”, a souligné le ministre.

Il a également tenu à clarifier la question de l’importation des nouveaux billets : “Les billets importés le sont uniquement pour remplacer ceux qui sont usés, afin d’assurer le bon fonctionnement de l’économie. Ils ne viennent pas remplacer l’argent gardé dans les coffres ou à domicile. L’inflation survient lorsque l’État fabrique de l’argent qu’il ne possède pas pour honorer ses engagements, ce qui accroît la masse monétaire et dévalue chaque billet. Mais nous ne sommes pas dans ce cas”, a-t-il précisé.
Nouveaux billets et rumeurs
Alors que certaines rumeurs évoquent un financement de la campagne référendaire à travers ces nouveaux billets, Ousmane Gaoual a démenti : “Si notre économie était en souffrance et que l’État fabriquait des billets pour faire face à ses engagements, on pourrait imaginer cela. Mais notre taux de croissance est attendu autour de 7 %, et l’inflation est maîtrisée. Les organismes financiers internationaux reconnaissent que notre économie est solide, comparée à celles de la sous-région. La commande de nouveaux billets n’a rien à voir avec une crise économique ou une campagne politique. Elle vise uniquement à remplacer les billets usés, car certains se détériorent plus vite que d’autres et doivent être changés régulièrement.”
Dossier à suivre !
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 1 septembre 2025 17:07
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