CONAKRY -La crise de liquidité qui frappe la Guinée depuis près de trois mois devient de plus en plus aiguë. Cette situation impacte sévèrement la vie quotidienne des citoyens. Commerçants et consommateurs subissent de plein fouet les conséquences de cette pénurie d’espèces.
Un reporter d’Africaguinee.com s’est rendu ce jeudi 14 août 2025 chez les acteurs de la monnaie électronique pour prendre le pouls de la situation. Ces derniers, confrontés à un manque criant de clients et de cash, redoutent la fermeture s’il n’y a pas de solution rapide. (Images d’illustration)
À Kipé, Mamadou Mouctar Diallo, gérant d’une boutique de transactions monétaires, constate l’ampleur du problème. Si auparavant sa boutique était très fréquentée, les clients se font désormais rares. Ceux qui se présentent repartent souvent bredouilles, faute d’argent.
« Cela nous fatigue, parce que les clients qui viennent demandent seulement le retrait. Ils ne font (quasiment) pas de dépôt. Cela ne nous arrange pas du tout », déplore-t-il. « Avant, je pouvais avoir des dépôts de plusieurs millions, mais maintenant, tout le monde cherche à retirer l’argent », confie-t-il.
Ce gérant de ce service de transfert d’argent précise que les rares dépôts ne dépassent pas 300 000 francs guinéens.
La galère des retraits bancaires
Pour se réapprovisionner, la majorité de ces revendeurs se tournent vers les banques privées, mais la situation y est tout aussi complexe. « Là-bas aussi, quand tu demandes un retrait de 25 millions, on peut te dire que tu ne peux en obtenir que 2, 3 ou 4 millions », explique M. Diallo, avant de résumer la situation: « Tu ne peux pas avoir ce que tu veux, en fait. »
Même constat chez Saâ Michel Tolno, qui gère un kiosque de dépôt, de tranfert et de retrait d’argent à l’aéroport.
« Actuellement, on est en pleine crise de liquidité. Cela a provoqué un véritable manque de clients et d’espèces. Les activités diminuent. Si un client se présente pour un retrait de 6 ou 7 millions, c’est un problème qui s’installe », explique-t-il. « S’il veut un montant trop élevé, on lui dit qu’on ne peut pas tout lui donner. On divise ce qu’on a ici, on lui en donne un peu et il doit se rendre dans un autre kiosque pour compléter. »
Selon M. Tolno, les acteurs de la monnaie électronique « tirent le diable par la queue » en cette période difficile.
Un peu plus loin, Aliou, un autre opérateur qui évolue dans monnaie électronique manipule son téléphone face au vide. Assis dans sa boutique, il subit le poids de cette crise.
« Le constat est alarmant. Il n’y a pas de liquidité. Quand on demande à nos distributeurs de nous fournir de l’argent, ils disent qu’il n’y en a pas. On a de l’argent dans nos puces, mais eux aussi ont du mal à en trouver. Ils nous disent que le problème vient de la banque, qu’ils n’arrivent pas à récupérer d’argent », confie-t-il. « Nous, on ne peut rien. Quand les clients viennent pour faire des dépôts, on les aide. Mais pour les retraits, on n’a pas de solution. »
Cette crise a des répercussions directes sur les citoyens, comme Mariam Dansoko, qui cherche désespérément à retirer une somme conséquente pour un événement familial.
« Je prépare un événement et j’ai besoin d’argent. Mais à la banque, il m’est impossible de faire un retrait, même de 2 millions », déplore-t-elle.
Lire aussi-Dr. Karamo Kaba, gouverneur de la BCRG : “Nous n’avons pas de crise de liquidité en Guinée…”
En juillet dernier, le gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), Dr. Karamo Kaba avait déclaré que la Guinée n’avait pas de crise de liquidité, mais plutôt une crise de billets. “Le problème, c’est que nous avons une trop grande utilisation du cash. Or, la Banque centrale dispose actuellement de moins en moins de billets”, avait-il expliqué, annonçant des solutions dès ce mois d’août.
“Nous avons rencontré les fabricants de billets, qui se sont engagés à accélérer les livraisons. Dès le mois d’août, nous recevrons 500 milliards de francs guinéens. En septembre, plus de 1 500 milliards arriveront. Et en octobre, environ 600 à 700 milliards sont attendus”, avait annoncé le Dr Kaba.
Alors que nous sommes à la mi-août, la crise devient de plus en plus aiguë.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 14 août 2025 16:57
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