10:58 pm - 19 juin, 2025

La table ronde sur les hydrocarbures s’est poursuivie ce jeudi 19 juin 2025 à Conakry avec des discussions soutenues autour du Panel 3, dédié à la régulation et à la structuration du marché. Ce volet a permis aux experts du secteur d’examiner les réformes en cours et de proposer des pistes concrètes pour améliorer la distribution, le contrôle technique, la qualité des produits pétroliers et la lutte contre la fraude.

Une régulation encore perfectible

Souleymane Keita, Directeur général du cabinet EGS, a ouvert le débat en soulignant la nécessité d’un cadre réglementaire clair et adapté aux réalités nationales. Selon lui, malgré l’existence de textes réglementaires, certains datant de plusieurs décennies, leur obsolescence ou leur méconnaissance freine l’action des acteurs du secteur.

« Il y a des textes, parfois vieux de 30 ou 50 ans, mais ils existent. Il faut les répertorier, les actualiser et mettre en place une veille réglementaire active. C’est un travail de fond que doit mener la Direction nationale des hydrocarbures », a-t-il plaidé.

Pour lui, la régulation ne peut être efficace sans une volonté politique forte et une vision stratégique claire. Il a également insisté sur la nécessité de mettre fin à la cascade d’intermédiaires dans le secteur, qui dilue les responsabilités et alourdit les coûts.

Le contrôle qualité au cœur du système

Le contrôle technique et la qualité des produits ont également été longuement débattus. Souleymane Keita a rappelé que le système pétrolier repose sur un contrôle rigoureux, de l’arrivée des navires au transport par camions, en passant par le stockage.

« Chaque litre livré doit répondre à des spécifications strictes. Cela suppose la présence d’un laboratoire de référence, la formation d’inspecteurs qualifiés et un système d’échantillonnage fiable sur tout le territoire », a-t-il ajouté.

De son côté, Match MEL, assistant technique à la Direction générale des Hydrocarbures de Côte d’Ivoire, a mis en exergue l’importance d’un cadre légal robuste pour encadrer ces contrôles.

« On ne peut pas faire un contrôle simplement parce qu’il faut le faire. Il faut des guides, des checklists, une réglementation solide pour encadrer chaque étape », a-t-il expliqué, tout en partageant l’expérience ivoirienne où chaque installation est inspectée au moins deux fois par an.

Gaz domestique : entre ambitions et défis

Kaman Sadji Diallo, Directeur général de FAPGAZ, a, quant à lui, évoqué les efforts en cours pour développer l’usage du gaz domestique en Guinée, dans un contexte où la consommation reste très faible, autour de 6 500 tonnes par an, contre 500 000 en Côte d’Ivoire.

Il a annoncé la finalisation prochaine d’une usine de fabrication de bouteilles de gaz à Konta dans la préfecture de Forecariah, avec une capacité de production annuelle d’un million de bouteilles, ainsi qu’un projet de stockage de 7 000 tonnes métriques, structuré autour de deux sphères.

« Le préalable pour développer le secteur, c’est la mise en place d’infrastructures solides, mais aussi d’un cadre réglementaire adapté, actuellement en cours de validation », a-t-il indiqué.

Il a aussi appelé à une campagne de sensibilisation en faveur du gaz, perçu comme une énergie plus propre et plus sûre que le charbon de bois encore largement utilisé.

Manquements environnementaux et sécuritaires

Lanciné N. Diakité, inspecteur général au ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, a évoqué les défaillances constatées lors des inspections sur le terrain, notamment dans les installations pétrolières et gazières : absence de systèmes de neutralisation, défaut de pictogrammes de sécurité, ou encore installations trop proches des habitations.

« Ces manquements démontrent l’urgence d’un encadrement rigoureux, tant sur le plan administratif que technique », a-t-il souligné.

Volonté politique et expérience ivoirienne

Match MEL a terminé son intervention en insistant sur le rôle de la volonté politique dans la transformation du secteur, citant l’exemple ivoirien : « En Côte d’Ivoire, nous avons dit à notre société nationale Petroci : construis-nous des centres de remplissage et des sphères de stockage. Et c’est ce qui a été fait. Quand l’État donne une impulsion claire, les résultats suivent ».

Les Panels 4 et 5 ont clôturé cette journée de réflexions. Le quatrième a porté sur le rôle du gaz dans la transition énergétique, soulignant l’enjeu d’en faire une alternative au charbon de bois. Le cinquième panel, quant à lui, a abordé les mécanismes de financement innovants pour soutenir les projets d’infrastructures énergétiques, notamment à travers les partenariats public-privé (PPP).

Avec cette table ronde, les autorités guinéennes entendent poser les bases d’un secteur aval des hydrocarbures plus performant, plus transparent et mieux structuré, dans un contexte de mutation énergétique et d’exigence de souveraineté économique.

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