Alors que des cadres du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation ont amorcé, lundi 7 juillet 2025 à Conakry, les premières discussions sur une éventuelle suppression du Certificat d’Études Élémentaires (CEE) — communément appelé examen d’entrée en 7e année —, le syndicat national de l’éducation, par la voix de Michel Pépé Balamou, invite à la retenue.
Présent ce mardi 8 juillet à l’atelier de restitution des recommandations issues de la 113e session de la Conférence internationale du travail, tenue à Genève du 2 au 13 juin dernier, le syndicaliste a exprimé ses réserves quant à cette initiative qu’il juge précipitée.
“Il faut une réflexion approfondie sur ce sujet, et ne pas directement sauter dessus. En termes de suppression, c’est une réflexion. Les gens disent que supprimer le CEE aiderait suffisamment à réduire le coût des examens. Le CEE, à lui seul, occupe 45 % du budget d’organisation des examens, et son diplôme ne sert à rien, puisque vous ne pouvez pas déposer le certificat d’études élémentaires pour faire un test ou obtenir un emploi”, a-t-il déclaré.
Pépé Balamou a également rappelé l’existence d’alternatives déjà en place, notamment les écoles professionnelles post-primaires qui accueillent des élèves recalés à l’examen d’entrée en 7e année, leur offrant ainsi d’autres perspectives d’apprentissage.
“Par endroits, des écoles professionnelles post-primaires acceptent des élèves ayant échoué au primaire, leur permettant de poursuivre leur formation dans des filières techniques. Cela permettrait aux enfants d’avoir accès à l’enseignement secondaire, car nous voulons que tous les enfants atteignent ce niveau”, a-t-il ajouté.
Cependant, pour lui, le problème est bien plus structurel et concerne la qualité globale de l’enseignement. “Aujourd’hui, nous n’avons pas une évaluation sérieuse dans nos écoles. Les classes intermédiaires sont devenues des ‘classes-passerelles’ sans échec réel. On va se retrouver avec des enfants au collège qui ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer”, a-t-il averti.
Le responsable syndical estime que toute réforme d’ampleur, comme la suppression du CEE, devrait impérativement s’accompagner d’une refondation de la formation des enseignants ainsi que de la mise en place d’un système d’évaluation rigoureux. “Il faut résoudre la question de la profession enseignante. Nos écoles de formation doivent fournir des enseignants en quantité et en qualité, capables de transmettre aux enfants le savoir et le savoir-faire. Ensuite, il faut élaborer un système d’évaluation rigoureux, qui ne permet pas à tout le monde d’accéder au collège”, a-t-il plaidé.
Et de conclure : “Si c’est une nécessité, il faut attendre que les conditions soient réunies et que le système éducatif atteigne un certain niveau de perfection. Sinon, on risque de tirer le niveau vers le bas, comme cela s’est vu après la suppression du Bac 1 ou du concours d’entrée à l’université.”
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