C’est par un décret lu à la télévision nationale le 14 juin 2025 que le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a mis en place la Direction générale des élections (DGE), en remplacement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Cette nouvelle structure, placée sous la tutelle du ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, sera chargée d’organiser les prochains scrutins.
La création de cette nouvelle structure fait couler beaucoup d’encre et de salive chez les acteurs socio-politiques. Abdoulaye Bah, coordinateur national des fédérations de l’intérieur de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a réagi au micro de VisionGuinee ce jeudi 19 juin 2025.
Ce proche de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, affirme que son parti reste mitigé face à la création de la DGE.
‘’Notre avis sur la création de la DGE est mitigé pour la simple raison que, selon le code électoral guinéen, l’organe de gestion des élections est une institution constitutionnelle. C’est-à-dire que sa création est prévue dans la Constitution guinéenne. Sa modification doit obéir à des règles bien précises dans le code électoral. Ce qui nous choque, c’est qu’on prend des décrets sans tenir compte des procédures fixées par la loi, et cela bouleverse l’intellectuel qui met l’accent sur l’ordre public. Donc, c’est une violation de la loi par rapport à la création de l’organe de gestion des élections, quel que soit son nom’’, a-t-il déclaré.
Abdoulaye Bah évoque aussi le climat de méfiance entre l’État et les acteurs politiques quant à l’organisation des élections en Guinée. ‘’Le deuxième problème, c’est que nous ne sommes pas rassurés. Parce que c’est l’État qui gère, à travers le MATD (Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation), qui va décider de l’organisation des élections en Guinée. Or, on sait très bien qu’en Guinée, les élections n’ont jamais été justes. Quand c’est l’État qui gère, à travers le ministère, on ne peut pas s’attendre à quelque chose de différent. Même les membres de la CENI, pourtant un organe consensuel composé de représentants de la mouvance au pouvoir, n’ont pas empêché les dérives en 2010, 2015, ou encore en 2018 du côté de Kindia. La peur des élections en Guinée est liée à ces problèmes’’, poursuit-il.
Il appelle le général Doumbouya à respecter ses engagements. ‘’Il faut éviter, comme l’a dit M. Doumbouya lui-même, les erreurs du passé, notamment celles liées à la gestion arbitraire des élections par l’État. Certes, dans d’autres pays comme le Sénégal, l’État organise les élections à travers son ministère de l’administration du pays. Mais ces États ont une culture du respect de la légalité. En Guinée, la déliquescence électorale est telle que cela ne rassure personne. Voilà nos inquiétudes’’, martèle-t-il.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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