CONAKRY – Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, a réagi à l’annonce des forces vives d’organiser des manifestations à travers le pays le 5 septembre prochain, jour du quatrième anniversaire de l’accession au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). Dans une interview accordée à Africaguinee.com ce samedi, le chef du gouvernement a exposé la position des autorités face à cette menace.
AFRICAGUINEE.COM : Les forces vives de Guinée appellent à des manifestations le 5 septembre 2025. Quelle est votre réaction en tant que chef du gouvernement ?
AMADOU OURY BAH : Parler de manifestations dans le contexte actuel de la Guinée n’a pas tant d’importance. Cela fait partie de l’actualité, oui, mais l’essentiel est le souhait des Guinéens de vivre dans un environnement stable et constructif, plutôt que dans une situation où il y a des manifestations chaque jour.
Vous voyez, certains Guinéens, ici et à l’étranger – en Allemagne, en Suisse et ailleurs – organisent également des manifestations de soutien pour montrer leur adhésion à la démarche politique en cours. Il faut donc avoir une vision équilibrée du processus.
Nous souhaitons surtout que les Guinéens s’approprient, durant cette période de vulgarisation, le texte constitutionnel afin d’intérioriser les codes qui permettront de construire le présent et l’avenir du pays.
Craignez-vous que ces manifestations n’affectent le déroulement normal du processus référendaire ?
La loi s’applique à tous pour tous ces aspects-là. Si vous manifestez et créez le désordre, il va de soi que les règles de droit s’appliqueront.
Est-ce que vous êtes en train de dire que ces manifestations ne seront pas autorisées ?
Dans le cadre de la campagne référendaire, si certains souhaitent s’organiser pour exprimer leur point de vue, sensibiliser ou susciter une adhésion massive en s’intégrant dans un processus normal, il n’y aurait aucun problème.
Mais, en rejetant catégoriquement le processus en cours, cela montre qu’on n’est pas là pour apporter une contribution constructive. On cherche plutôt à adopter une démarche destructrice. Les deux approches sont totalement différentes.
Et vos anciens collègues de l’opposition ? Avez-vous un message à leur adresser ?
Prenez l’exemple des assises nationales : lorsque le Président de la République a lancé cette initiative, certains avaient critiqué en disant que c’était une mascarade. Pourtant, ces assises ont tracé des dynamiques pour une véritable réconciliation nationale et une gouvernance équitable, prenant en compte l’ensemble des citoyens. Même ceux qui avaient été victimes dans le passé ont pu bénéficier de soins et d’accompagnement, et le processus continue.
Un autre exemple : les assises ont permis de poser les bases de l’écriture de l’Histoire Générale de la Guinée. Les démarches opérationnelles sont déjà en cours. Quelqu’un qui aime son pays, quelle que soit sa position, ne peut se permettre de dédaigner une initiative de construction et de changement en profondeur. Le peuple de Guinée jugera si ces personnes ont encore le droit de prétendre représenter une parcelle de sa souveraineté.
Nous y reviendrons
Boubacar 1 Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 16 août 2025 11:02
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