À l’issue de la phase d’enrôlement, le Bloc Libéral exprime de profondes inquiétudes quant aux nombreuses irrégularités qui entachent le recensement administratif à vocation d’état civil qui a pris fin ce vendredi 20 juin.
Il dénonce une répartition inéquitable des kits, l’exclusion de citoyens, des exigences injustifiées pour la diaspora. Le parti de Faya Millimono appelle à un sursaut national pour une refondation profonde, concertée et inclusive du système électoral. Déclaration.
En ce jour censé marquer la fin du recensement électoral, le Bloc Libéral exprime ses vives inquiétudes face aux nombreuses irrégularités constatées dans le processus.
Le Bloc Libéral tient à rappeler qu’un fichier électoral non fiable constitue une menace grave pour la paix et la stabilité. La non-fiabilité du fichier compromet déjà la fiabilité de l’ensemble du processus. Et la non-fiabilité du processus électoral est souvent à l’origine des crises post-électorales qui minent la confiance des citoyens dans les institutions.
Or, la fiabilité du fichier électoral repose sur la transparence, l’inclusion et l’équité, particulièrement lors de la phase d’enrôlement. Malheureusement, plusieurs anomalies compromettent cette fiabilité :
- Le manque de dialogue, de transparence et d’inclusion ;
- La répartition inégale des kits d’enrôlement sur le territoire national ;
- L’enrôlement de mineurs et l’exclusion de citoyens majeurs en âge de voter ;
- Les pannes fréquentes des équipements et l’insuffisance de matériels dans plusieurs localités ;
- Les difficultés d’obtention des pièces administratives nécessaires, notamment les actes de naissance ;
- L’exigence de présenter obligatoirement l’extrait de naissance pour les compatriotes vivant à l’étranger, qui ont pourtant les passeports et/ou les cartes d’identité nationales (documents qui ne peuvent être obtenus que lorsque le demandeur présente l’extrait de naissance et le certificat de nationalité) ;
- Le flou dans les programmes d’enrôlement et le manque de clarté dans la communication officielle.
Pour illustrer la répartition inégale des kits, le Bloc Libéral présente ce qui suit :
- Conakry, la région administrative la plus peuplée du pays, n’a reçu que 789 kits d’enrôlement, soit à peine 15 % des 5000 kits environ répartis sur le territoire national. À l’inverse, la région de Kankan a bénéficié de 1 517 kits, soit 30 % des kits répartis. D’autres déséquilibres flagrants ont été observés ;
- Les cinq préfectures de la région administrative de Labé (Koubia, Labé, Lelouma, Mali et Tougué) se partagent le même nombre de kits que la seule préfecture de Siguiri (414) ;
- Les quatre préfectures de la région administrative de Faranah (Kissidougou, Faranah, Dabola et Dinguiraye) ont reçu moins de kits que la préfecture de Kankan (439 kits contre 469) ;
- Les préfectures de Gueckédou, Macenta, N’Zérékoré, Yomou et Lola réunies ont aussi reçu moins de kits que la préfecture de Kankan (419 kits contre 469) ;
- Les préfectures de la région administrative de Mamou (Mamou, Dalaba et Pita) ont reçu moins de kits que la préfecture de Kouroussa (247 kits contre 267) ;
- La préfecture de Kissidougou, moins peuplée que Gueckédou et Macenta selon le recensement de 2014, reçoit 225 kits, alors que Gueckédou et Macenta n’ont reçu chacune que moins de 100 kits ;
- La préfecture de Kérouané, moins peuplée que Mandiana, a reçu plus de kits (210 kits contre 157).
La situation des Guinéens vivant à l’étranger est encore plus préoccupante. Dans plusieurs représentations diplomatiques (Côte d’Ivoire, Gabon, etc.), le recensement est rendu quasi impossible. Non seulement les kits sont en nombre insuffisant, mais les autorités exigent un extrait de naissance, alors même que ce document a déjà été fourni lors de la délivrance du passeport biométrique.
Le Bloc Libéral estime que le passeport ou la carte d’identité nationale seule devrait suffire à justifier l’identité et l’éligibilité à l’enrôlement.
Pire encore, dans certaines localités à l’étranger – comme en Île-de-France – le nombre de personnes autorisées à s’enrôler est arbitrairement plafonné à 100 par jour, créant frustration et exclusion.
Pourtant, dès les premières semaines du processus, le Bloc Libéral a tiré la sonnette d’alarme. Ce qui était redouté semble se confirmer : les conditions d’un rejet massif du fichier électoral sont réunies. Il est bien connu qu’il est possible de manipuler toutes les étapes du processus électoral. C’est pourquoi, il est impératif d’accorder une attention particulière à l’étape d’enrôlement.
Face à cette situation, le Bloc Libéral formule les recommandations suivantes :
- Engager un dialogue national inclusif afin de parvenir à un consensus sur la gestion du processus électoral, y compris le recensement en cours et le référendum annoncé ;
- Procéder à un audit indépendant du processus de recensement en cours pour identifier et corriger toutes les irrégularités ;
- Évaluer avec précision le taux d’enrôlement dans chaque localité ;
- Déterminer les besoins matériels et humains par localité afin de prolonger équitablement l’opération d’enrôlement là où elle est nécessaire.
La démocratie guinéenne est à la croisée des chemins. Sans un état civil réformé, un organe de gestion électoral consensuel et un fichier électoral crédible, aucune élection ne pourra se faire dans la paix. Le Bloc Libéral en appelle à une refondation profonde, concertée et inclusive du système électoral, impliquant l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et institutionnels.
Ce n’est qu’au prix de ce sursaut collectif que la Guinée pourra tourner la page des crises récurrentes et construire les fondements d’un État de droit solide et démocratique.
Vive la République !
Vive la démocratie !
Vive la Guinée libre, juste et réconciliée avec elle-même !
Conakry, le 20 juin 2025
Le Bloc Libéral (BL)
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