L’annonce faite par le Premier ministre Bah Oury à Abidjan, selon laquelle les élections présidentielle et législatives se tiendront en Guinée en décembre 2025, continue de susciter de vives inquiétudes au sein de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG, a exprimé, le week-end passé, des réserves face à ce qu’il perçoit comme une série de difficultés et un manque de bonne foi de la part du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Le responsable de la communication de l’UFDG a souligné plusieurs points de discorde majeurs qui, selon lui, rendent la tenue d’élections crédibles en décembre 2025 improbable.
‘’Depuis l’annonce du Premier ministre à Abidjan, nous avons dit qu’il y a beaucoup de difficultés. Parce qu’aujourd’hui, nous ne connaissons pas le contenu de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Il n’y a pas de fichier électoral. Nous, à la prise de pouvoir, on avait dit que le fichier qui a servi de base pour la présence du 18 octobre 2020, ce fichier-là pouvait être réactualisé, sortir les cas de décès et intégrer en total les guinéens qui ont atteint la majorité. C’est ce qu’ils ont refusé’’, a rappelé Souleymane Souza Konaté.
‘’Aujourd’hui, ils sont en train de faire le recensement biométrique. Mais là aussi, il y a énormément de problèmes. Ça devrait énormément prendre fin dans une semaine. Mais jusqu’à date, ça n’a pas commencé dans les ambassades. Moi, je reviens du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Nous n’avons vu aucun appareil alors que le ministre Amara a annoncé que les appareils sont déjà sur place. Donc, ça témoigne de l’amateurisme à ce niveau-là et de l’impréparation’’, a-t-il ajouté.
- Konaté a rappelé que l’un des points de friction majeurs réside dans l’exclusion des acteurs politiques et des organisations de la société civile des commissions d’établissement des listes électorales.
‘’Et l’autre aspect aussi, par les moindres, c’est le fait de sortir les acteurs politiques et les organisations de la société civile dans les commissions d’établissement de ces listes-là. Ils ont dit récemment qu’ils voulaient mettre en place un organe d’observation. Nous, nous ne sommes pas des observateurs. Nous sommes des acteurs majeurs, une partie importante de ce processus-là. Donc, on ne peut pas nous mettre de côté’’, a-t-il rejeté.
‘’Donc, globalement, il n’y a rien qui est fait aujourd’hui qui puisse rassurer les acteurs politiques que le CNRD est de bonne foi et qu’ils sont disposés à organiser des élections dans le délai imparti. Pour organiser des élections, en tout cas importantes dans notre pays, il y a un minimum à faire. D’abord, il faut qu’il y ait un consensus au niveau de tous les acteurs majeurs de ce processus-là. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui’’, a-t-il poursuivi.
Selon ce proche de Cellou Dalein Diallo, la question du fichier électoral est également loin d’être résolue par les autorités de la transition.
‘’Il faut disposer d’un fichier électoral. On n’a pas ce fichier. La Guinée, en tout cas sur la base de la loi électorale en vigueur, celle révisée en 2017, et sur la base des textes supranationaux que notre pays a ratifiés volontairement, à savoir la Charte africaine sur la démocratie, les élections, la bonne gouvernance, le protocole additionnel de la CEDEAO, tous ces instruments juridiques-là incitent à la mise en place d’un organe indépendant censé gérer le processus électoral’’, a-t-il souligné.
Il affirme que l’intention du gouvernement est de confier l’organisation des élections au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Rejetant cette éventualité, Souleymane Souza Konaté a assuré que ‘’pour nous, acteurs politiques majeurs importants dans le pays, il est hors de question. Parce que par le passé, ce département s’est illustré dans l’organisation de la délinquance électorale, la fraude, la falsification et la dissuasion des procès-verbaux’’.
Selon lui, ‘’aujourd’hui, le département est militarisé avec des militaires qui n’ont aucune culture administrative, politique et électorale. Pour prévenir des crises électorales majeures dans notre pays, il est important de créer ce minimum de consensus-là pour nous permettre d’aller tranquillement aux élections’’.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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