La direction générale des élections continue de susciter les débats depuis sa création par le général Mamadi Doumbouya. Une initiative qui soulève de vives interrogations. Maître Mohamed Traoré assure que la question essentielle n’est pas la dénomination de l’organe en charge des élections, mais sa capacité à garantir la neutralité et la confiance des acteurs.
L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée estime que le changement de nom de l’organe chargée d’organiser les élections en Guinée ne garantit ne rien la crédibilité des prochaines échéances électorales.
‘’Que cet organe s’appelle CENI ou autrement, le problème de fond demeure. Il s’agit de trouver un organe de gestion des élections non partisan, capable de se tenir à égale distance des compétiteurs électoraux pour produire des résultats acceptés de tous’’, souligne Me Mohamed Traoré.
Pour lui, ‘’l’essentiel n’est donc pas la dénomination d’une structure chargée d’organiser une élection mais sa capacité à être neutre quels que soient sa composition ou les candidats en lice. C’est la capacité de ses membres à résister à toutes les formes de pression qui peuvent les pousser à fausser par diverses manœuvres le choix des citoyens qui compte et non sa dénomination’’.
La création d’une direction générale des élections, placé sous l’autorité du ministre de l’administration du territoire, également nommé par le président, soulève de sérieuses inquiétudes chez l’ancien membre du Conseil national de la transition (CNT).
‘’Existe-t-il au sein de l’Administration publique des hommes et femmes qui puissent prendre de la distance vis-à vis de leur hiérarchie pour accomplir une mission aussi importante que l’organisation d’élections cruciales comme une présidentielle ou des législatives sans aucun parti pris en faveur du pouvoir ?’’ se demande-t-il, assurant que ‘’cette question est d’autant plus importante qu’accomplir le devoir d’ingratitude vis-à-vis du détenteur du pouvoir de nomination n’est pas très courant dans cette Administration’’.
Mettant en garde contre un possible retour à un modèle qui, historiquement, s’est avéré encore moins bon que celui de la CENI, Me Traoré rappelle que la transparence et la crédibilité des élections ont toujours été au cœur des débats politiques en Guinée, avec des cas de fraudes dénoncés dès les premières élections post-1984.
‘’Avant, en 1993 et 1995, années des premières élections présidentielle et législatives après le changement de régime intervenu en 1984, des voix s’étaient élevées pour dénoncer des cas de fraudes. C’est dire que la question de la transparence et de la crédibilité des élections a toujours été au cœur des débats politiques en Guinée’’, souligne cet avocat engagé dans la défense acquis démocratiques en Guinée.
Mohamed Traoré assure que les élections demeurent le mode d’expression démocratique par excellence. ‘’C’est un euphémisme de dire que les élections seules ne font pas la démocratie. Mais sans élections, il n’y a pas de démocratie. C’est pourquoi, la question de l’organe chargé de l’organisation celles-ci n’est pas aussi négligeable que certains tentent de le faire’’, assure-t-il.
‘’Puisque le principe selon lequel la souveraineté appartient au peuple est consacré par la norme suprême et qu’il est admis depuis toujours que celui-ci l’exerce par ses représentants élus ou par la voie du référendum, il devient impérieux de ne pas réduire les élections au stade de simples formalités. Les élections ne sont pas un luxe. C’est le mode d’expression démocratique par excellence. C’est pourquoi, elles doivent être organisées dans des conditions qui en garantissent la sincérité afin qu’elles soient le reflet de la volonté’’, a-t-il ajouté.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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