LOLA – Des dizaines de femmes de la communauté de Kébéyakoré, à Lola, ont manifesté “seins nus” ce lundi 18 août 2025 à Nzérékoré. Elles disent protester contre les violences policières qu’elles auraient subies et réclamer la libération de trois de leurs responsables qui seraient incarcérés.
Venues du village de Kébéyakoré, ces mères de famille se sont rassemblées devant la préfecture pour interpeller les autorités. Leur manifestation a pour toile de fond un long conflit entre éleveurs et agriculteurs dans la préfecture de Lola.
Christine Loua, porte-parole des manifestantes, a expliqué les raisons de leur colère : « Cette manifestation a une origine très profonde. Depuis longtemps, nous sommes victimes de la destruction de nos champs par les bœufs. Nous nous sommes plaints auprès des autorités, mais il n’y a jamais eu de justice. La dernière fois, le chef de secteur et son adjoint ont été convoqués à la gendarmerie de Lola et, le lendemain, le 29, ils ont été directement transférés à la prison civile à Nzérékoré. Et jusque-là, toutes nos démarches n’ont rien donné. »
Les manifestantes dénoncent également les violences survenues la nuit du samedi 16 août 2025. Elles affirment que leur village a été attaqué par les forces de l’ordre. « Nous étions couchées vers 22h40, nous avons entendu des coups de feu. Il y a un pick-up militaire qui a débarqué pour attaquer le village sans raison. Le village était terrifié. La population a pris la fuite. Certaines personnes sont encore en brousse », a témoigné la porte-parole.
Et d’assener: « Les femmes étaient au village en train de faire un sacrifice et elles ont été attaquées. Des gaz lacrymogènes ont été lancés… Aujourd’hui, on a envoyé ces preuves au préfet. Au jour où je vous parle, il y a 15 personnes qui sont hospitalisées à l’hôpital préfectoral de Lola. Elles sont sous perfusion, parce qu’elles ont été traumatisées par le gaz lacrymogène. Et nos responsables sont en prison. »
Le colonel Cécé Maomou, préfet de Lola, a pour sa part donné une autre version des faits. Selon lui, les femmes ont rebroussé chemin après un entretien qui les a apaisées: « Quand elles sont venues, il s’agissait de les sensibiliser et de les apaiser. Elles ont accepté et elles sont retournées chez elles. Ce matin, nous nous sommes rendus à l’hôpital pour voir les femmes qui ont été victimes, mais nous n’avons trouvé personne. Donc ce n’est pas tellement grave, personne n’est alitée à l’hôpital. »
Tout en reconnaissant l’existence du problème, le préfet a tenu à rappeler que l’affaire est désormais entre les mains de la justice. « Nous sommes en train d’y travailler. C’est la justice qui s’en charge. C’est un problème qui se trouve au niveau de la justice », a-t-il déclaré, soulignant que des dispositions sont prises pour résoudre la situation. Les femmes, de leur côté, continuent d’exiger la libération immédiate de leurs responsables emprisonnés depuis le 29 juillet.
Dossier à suivre !
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant Régional d’Africaguinee.com
En Guinée Forestière.
Créé le 19 août 2025 15:41
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