Le monde culturel guinéen est en deuil. Jino Saoulomou, chanteur emblématique de l’Orchestre Fédéral Nimba Succès de Lola, est décédé ce samedi 27 septembre 2025 à son domicile, suite à un arrêt cardiaque survenu dans sa douche. Il était âgé d’une soixantaine d’années.
Né dans les années 1960 à Kpinita Nana, un village de la sous-préfecture de Tounkarata, Jino Saoulomou avait débuté très jeune, sa carrière musicale, dans son village natal. Sa passion pour la musique l’a conduit, dans les années 1980, à rejoindre l’Orchestre Fédéral Nimba Succès après avoir été repéré, pour son talent exceptionnel.
Durant plusieurs décennies, il a marqué les esprits par sa voix profonde, ses prestations scéniques et son engagement pour la promotion de la culture forestière. Il avait également côtoyé de grandes figures de la musique guinéenne telles que feu Gbato de Nimba Jazz de N’Zérékoré ou encore Nyanga Loramou.
Depuis quelques années, Jino Saoulomou souffrait de problèmes de santé, notamment de diabète et d’hypertension. « Il était alité depuis longtemps et avait même dû se retirer dans un village pour des soins », a confié Bèlè Loua, l’un de ses compagnons de scène. « C’était notre deuxième chanteur. Aujourd’hui, il nous quitte, et notre groupe est réduit à deux membres actifs. Une grande page se tourne. »
Affaibli par la maladie et les difficultés économiques, Jino Saoulomou avait récemment déménagé à N’Zérékoré, où il animait les soirées d’un motel afin de subvenir aux besoins de sa famille. Sa dernière apparition publique remonte au mois de mai 2025, lors d’une journée de soutien aux enseignants, organisée par le CNRD. « Il avait tenu à chanter malgré sa santé fragile », se souvient Bèlè Loua.
Le guitariste du groupe est aussi malade. Il voulait se rendre dans la famille aujourd’hui, il n’a pas pu le faire, à cause de sa maladie.
Marié et père de cinq enfants, l’artiste laisse derrière lui, une famille en détresse. « Sa famille est aujourd’hui sans moyens, et nous lançons un appel au ministère de la Culture pour un soutien, non seulement à sa mémoire, mais aussi aux artistes vétérans qui vivent dans des conditions précaires, loin de la capitale », plaide encore son collègue.
En 2010, l’Orchestre Fédéral Nimba Succès s’était distingué en décrochant la troisième place lors du cinquième Festival National des Arts et de la Culture. Un souvenir marquant, dans une carrière riche, mais trop peu reconnue à sa juste valeur.
Avec la disparition de Jino Saoulomou, c’est une voix, une mémoire et un pan de l’histoire musicale de la Guinée forestière, qui s’éteint.
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