Le ton est ferme, les mots choisis, et le message sans ambiguïté. En visite à Conakry, une délégation belge, conduite par Freddy Roosemont, Directeur général de l’Office des étrangers de Belgique, a animé, ce jeudi 12 juin 2025, une conférence de presse choc. Objectif : alerter les Guinéens sur les dangers et les illusions de la migration irrégulière vers la Belgique.
À l’heure où les demandes d’asile en provenance de Guinée explosent — 1 228 en 2024, et déjà plus de 600 pour les cinq premiers mois de 2025 — les autorités belges veulent briser les fantasmes nourris autour d’une prétendue « terre promise ».
« La migration illégale est un souci que nous avons depuis longtemps », a martelé Freddy Roosemont face aux journalistes. Il rappelle qu’en Belgique, 90 % des demandes d’asile guinéennes sont rejetées. Les motifs évoqués ne répondent souvent pas aux critères rigoureux de la protection internationale : « Il n’y a pas de guerre civile, ni de persécutions systématiques en Guinée. »
Une spirale de précarité
Le tableau dressé est sombre. Les demandeurs déboutés tombent rapidement dans la clandestinité, sans droit au travail, ni logement, ni protection sociale. « Travailler sans permis vous expose à l’exploitation, parfois à des tâches dangereuses, non rémunérées », souligne Roosemont. À cela s’ajoutent les hivers rigoureux, les nuits passées dans les rues de Bruxelles, et la perspective d’une expulsion brutale.
La Belgique durcit le ton : rétention dans des centres fermés jusqu’à 18 mois, interdiction de retour sur le territoire Schengen pendant plusieurs années, remboursement des frais de rapatriement… Et ce n’est pas tout. De nouvelles lois sont en cours d’adoption pour restreindre l’accueil aux seuls demandeurs dits « très vulnérables » : familles avec enfants en bas âge ou personnes gravement malades.
La migration légale, une alternative possible
Le directeur général nuance toutefois son discours : la migration vers la Belgique n’est pas impossible, mais elle doit se faire dans le cadre légal. Plus de 10 000 Guinéens vivent actuellement en situation régulière dans le royaume, avec un titre de séjour en règle. « La Guinée est aujourd’hui la troisième nationalité africaine en Belgique après la RDC et le Cameroun », précise-t-il.
Chaque année, le consulat belge à Dakar délivre des centaines de visas pour des raisons familiales, touristiques, académiques ou professionnelles. « Nous encourageons les demandes légales. Mais attention : introduire une demande d’asile sans fondement est une erreur coûteuse, pour l’individu comme pour sa famille. »
À travers cette mission, la Belgique souhaite rétablir la vérité face aux récits enjolivés de l’immigration. « Il faut dire aux jeunes que l’Europe n’est pas un Eldorado accessible à tout prix. Le risque est trop grand, les pertes humaines et économiques sont considérables », conclut Roosemont.
Son message s’adresse autant aux candidats au départ qu’aux familles restées au pays, qui souvent se saignent pour financer un voyage qui mène… dans une impasse.
La Belgique ne ferme pas sa porte, mais elle insiste : elle n’acceptera plus de « faux espoirs » déguisés en demandes d’asile.
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