La disparition d’El Hadj Adama Keïta, notable et figure respectée de la capitale forestière, continue de bouleverser les esprits. Au-delà de l’aspect judiciaire désormais enclenché avec l’annonce d’une enquête officielle par le parquet du tribunal de première instance de N’Zérékoré, c’est toute une ville qui vit dans la peur. L’acte s’est produit à l’aube du 29 septembre 2025, alors que le septuagénaire se rendait à la mosquée pour la prière matinale. Depuis, silence et angoisse dominent les conversations dans les quartiers de Nzérékoré. Pour de nombreux habitants, ce rapt est perçu comme une atteinte directe à la sécurité collective.
« Ils sont venus une première fois demander après le vieux, mais le nom qu’ils ont donné ne correspondait pas. C’est plus tard, à l’aube, qu’ils sont revenus, après plusieurs recherches, pour l’enlever alors qu’il se rendait à la prière. Ses ravisseurs s’étaient déjà rendus au village pour arrêter un autre vieux, le neveu de la victime, mais celui-ci a heureusement réussi à s’éclipser. C’est alors qu’ils sont revenus à N’Zérékoré pour enlever El Hadj Adama Keïta. Nous sommes encore à sa recherche. Si une personnalité de son rang peut disparaître de cette manière, qu’en est-il des simples citoyens ? », s’interroge un proche de la victime sous anonymat, exprimant une inquiétude largement partagée.
L’affaire prend également une dimension symbolique. Car la victime est le père du journaliste Babila Keïta, connu pour ses prises de position dans les médias.
Dans un climat de méfiance, l’annonce du parquet ce 1er octobre d’ouvrir une enquête apparaît comme un premier pas pour tenter de restaurer la confiance. Le procureur Abdoulaye Komah a appelé à la collaboration de la population, exhortant chacun à fournir toute information susceptible de faire avancer les investigations.
« Le parquet près le tribunal de première instance de N’Zérékoré informe l’opinion publique nationale et internationale qu’il lui a été rapporté, le lundi 29 septembre 2025, par le biais de publications sur les réseaux sociaux, l’enlèvement à N’Zérékoré par des individus non identifiés de Elhadj Adama Keïta, citoyen guinéen âgé de 75 ans, alors qu’il se rendait à la prière de l’aube.
Aussitôt, et conformément aux dispositions de l’article 47 du Code de procédure pénale, le parquet a instruit le commandant de la brigade de N’Zérékoré d’ouvrir sans délai une enquête minutieuse et complète, en vue d’identifier et d’interpeller les auteurs, co-auteurs et complices de cet enlèvement. Ces enquêtes sont actuellement en cours.
Le parquet invite toute personne disposant d’informations utiles à les communiquer aux officiers de police judiciaire de la brigade de recherche de N’Zérékoré. Il informe également l’opinion publique nationale et internationale qu’il rendra compte en temps opportun, de l’évolution des enquêtes en cours, conformément aux dispositions de l’article 8 du Code de procédure pénale », a déclaré El hadj Abdoulaye Komah, procureur près le tribunal de première instance de N’Zérékoré.
Au-delà de l’émotion, cet enlèvement révèle la vulnérabilité de la capitale forestière face aux défis sécuritaires. En attendant, Nzérékoré reste suspendue à l’évolution des enquêtes.
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