MAMOU- Les populations impactées par la construction du chemin de fer dans le cadre du projet Simandou ont pris connaissance du rapport semestriel produit par le comité de suivi au compte de la période mars-août 2025. Ce rapport a été présenté ce samedi 27 septembre 2025, lors d’une rencontre tenue dans la salle de réunion de la commune rurale de Ouré Kaba.
Mamadou Dioudia Sow, Coordinateur du comité du suivi des impacts du projet dans la zone, a longuement exposé le contenu du rapport, soulignant la persistance des dommages et le manque de dialogue avec les responsables du projet.
« Ce rapport contient les différents impacts recensés et qui perdurent de Soyah à Ouré Kaba », a-t-il expliqué, avant de dénoncer l’épuisement des démarches amiables : « On a formulé beaucoup de plaintes, mais on ne nous a jamais écoutés ».
Il a également pointé du doigt un renvoi constant de responsabilité entre les agents communautaires et les Entreprises chinoises : « On nous renvoie vers les chinois qui réalisent le chemin de fer. À leur tour, ces chinois nous renvoient vers les agents communautaires qui nous ont laissé entendre qu’ils ne peuvent rien puisque les chinois soutiennent qu’ils n’ont pas reçu nos plaintes ».
M. Sow a précisé que les plaintes concernent des zones initialement non inventoriées, mais désormais affectées : « Nous sommes victimes de l’envahissement de la boue rouge, des cailloux dans nos bas-fonds non acquis par l’entreprise qui évolue sur le terrain ». M. Dioudia a insisté sur l’urgence d’agir pour ces zones : « Ce sont plutôt les zones le long du corridor non acquis qui nous intéressent, parce que nos parents vivent là ». Il a ajouté que cet impact « empêche la communauté à continuer ses activités quotidiennes dans les bas-fonds ».
Le Coordinateur du comité a aussi donné l’exemple de Bantamaya, où « plus de 40 personnes ont été délogées parce que leurs habitations ont été touchées ». Il a déploré des promesses non tenues par l’entreprise, notamment concernant l’accès à l’eau et la construction d’infrastructures.
Vers une action en Justice
Face à l’impasse, Mamadou Dioudia Sow a appelé les victimes à l’unité en vue d’une action judiciaire. « Après les vacances judiciaires, on va porter plainte et aller au jugement. C’est pourquoi vous devez maintenant être auprès de nous… si nous sommes réunis en comité, c’est pour que toutes les victimes parlent d’une seule voix », a-t-il lancé.
Des témoignages
Le ‘’désarroi’ des victimes a été illustré par plusieurs témoignages, à commencer par celui de Madame Ciré Mansaré, qui affirme que le projet Simandou lui a fait « perdre tout ». Elle a décrit des impacts qui durent : « Ces impacts sont en cours depuis trois ans. Toutes les autorités sont au courant parce que j’ai alerté tout le monde ». Selon elle, les inondations ont eu des conséquences directes sur son logement et ses revenus :
« J’avais des locataires chez moi. À cause des inondations dans nos maisons, ils sont tous partis ». Elle a donné l’exemple d’un médecin : « L’eau a gâté ses produits, ses habits et tous ses objets. Finalement, il a quitté D’autres biens ont été endommagés. Les batteries de mes panneaux ont été abîmées. J’avais de la nourriture et beaucoup de choses qui sont partis comme ça ».
Cette vieille mère a également évoqué les problèmes de santé : « Pendant la saison sèche, la poussière nous fatigue ici. Tout le monde tombe malade Ils ont promis du courant, de l’eau et beaucoup d’autres choses ; mais, ils n’ont rien fait ».
Mamadou Mansaré, un instituteur à la retraite, a aussi fait part de ses difficultés, citant un document signé par la société, mais ignoré.
« L’eau et la boue, désormais, se donnent rendez-vous à mon bas-fond. Et cela a détruit toutes mes productions », a-t-il témoigné, soulignant que c’est de ces récoltes qu’il dépend pour vivre. Il a critiqué l’inefficacité des solutions apportées : « Ils ont fait un canal d’irrigation qui a cédé au bout de deux mois », a-t-il déclaré.
M. Mansaré a insisté sur la nature pacifique de sa démarche : « Nous, on n’est pas brutal. On va se plaindre devant la loi pour qu’on nous rétablisse dans nos droits. Ce n’est pas pour l’argent. Ils n’ont qu’à respecter notre convention ».
Interpellé sur ces différentes plaintes par le Comité de suivi, celui-ci mentionne que WCS a répondu que : “Concernant la relocalisation de la communauté de Bantamaya, des logements ont été fournis pour soutenir les familles affectées, mais la construction d’infrastructures sur le nouveau site est jugée impraticable. De plus, la communauté a exonéré la société ferroviaire de ces responsabilités. Par ailleurs, les travaux de construction des voies d’accès ont débuté, mais des retards ont été enregistrés en raison des pluies précoces. Ainsi, malgré les défis rencontrés, certaines mesures ont déjà été mises en œuvre et les engagements relatifs à la relocalisation doivent être envisagés dans ce contexte”.
Plus loin, le Comité mentionne que WCS a apporté une précision concernant un autre plainte liée à l’indemanisation. Voici la version rapportée dans le rapport: “WCSR et SGES ont conduit l’inventaire et l’indemnisation des terres conformément aux normes légales de l’IFC et de la Guinée. L’opération de compensation a été supervisée par les autorités locales et les communautés concernées. Cet imprévu est survenu en raison d’un manque de communication interne entre les représentants de la communauté affectée”.
De retour de Ouré Kaba,
Habib Samaké
Pour Africaguinee.com
Créé le 2 octobre 2025 13:44
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