10:58 am - 24 juin, 2025

Dans cette deuxième partie de l’entretien, Morlaye Soumah nous dévoile la suite de son parcours, ses atouts et faiblesses techniques, ainsi que les raisons de sa retraite. Frustré pour diverses raisons, il livre ses vérités. Découvrez les confidences de Morlaye Soumah, dit « Colovati », dans la dernière partie de son interview.

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Guinéenews : Après le Sporting club de Bastia, aviez-vous évolué dans d’autres clubs en France ou ailleurs ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : J’ai joué pendant un an à Valenciennes, et c’était dans le cadre d’un prêt. J’ai fait toute ma carrière professionnelle à Bastia.

Guinéenews : Selon des informations, vous aviez porté le brassard de capitaine au sein du Sporting club de Bastia ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Je le confirme, et en premier lieu, je fus vice capitaine, ensuite avec la maturité, le brassard de capitaine m’est revenu, et ce jusqu’à la fin de ma carrière.

Guinéenews : Retracez-nous votre palmarès en compagnie de ce prestigieux club français dans les différentes compétitions ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Je confirme votre recherche (rires). J’ai participé à 4 coupes de la ligue, dont j’ai perdu contre le Paris Saint Germain (PSG). J’ai perdu la coupe de France contre Lorient, où évoluaient Pascal Feindouno et Darscheville. Le seul trophée que j’ai gagné, c’est l’inter toto.

Guinéenews : En tant que défenseur central de carrière, quels sont les défenseurs, qui vous ont impressionné sur le terrain ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Surtout que je ne me suis jamais considéré comme un défenseur pur, d’idoles, je n’enai pas. Par préférence, Roger Mendy du Sénégal, m’a beaucoup impressionné, quand il évoluait à Monaco. Au début, on m’appelait le nouveau Jean Tigana, quand je m’intercalais offensivement dans le jeu, et vu la polyvalence dont on a déjà parlée, et j’ai toujours réfuté cette comparaison.  J’ai aussi admiré Franck Rijcard, de par sa manière de jouer, car il était bien sur le terrain, et jouait bien son rôle. 

Guinéenews : Pouvez-vous nous faire une statistique sur le nombre de cartons écopés ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Durant mon parcours, j’ai eu 4 cartons rouges. Tous ces cartons infligés ne sont que les produits du dernier défenseur, qui a voulu empêcher les buts, c’étaient mes derniers moyens pour devancer les attaquants, pour ne pas violer la cage de mon portier. Ces cartons rouges, ne sont pas fruits de mauvais comportements sur le terrain envers les arbitres, ni d’actes agressifs, à l’endroit des adversaires. Durant le parcours, je n’ai eu à recevoir que 6 cartons jaunes. C’est bien cela, la statistique des cartons que j’ai eus à écoper, durant tout ce chemin parcouru dans le football.

Guinéenews : Quels étaient vos atouts techniques sur le terrain ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Mes atouts techniques étaient l’anticipation, et la récupération facile, sans commettre des fautes ou autres brutalités au niveau des pieds de l’adversaire. J’avais en plus cette capacité technique de relance, et c’est pourquoi en sélection, Salam Sow a toujours voulu évoluer avec moi au milieu du terrain. A cause de nos similitudes techniques, dans la maitrise du ballon, le coup d’œil, la possession, et quoi encore, il m’a toujours réclamé au milieu du terrain.

Malheureusement, la décision finale revenait aux encadreurs techniques. Sur le côté faible, j’avoue que j’étais très méfiant sur les balles aériennes, bien que je sautais autant. C’était une méfiance, ou une prudence, qui me hantait à tout moment, pour ne pas avoir des chocs. Rares d’attaquants, qui pouvaient profiter de ces balles aériennes, puisque je m’engageais le plus souvent, tout en sachant, que ce n’était pas mon atout ou point fort.

Guinéenews : Une question peut être qui choque. Etes-vous timide, complexé, flegmatique, ou quels autres qualificatifs conviendraient exactement, pour définir votre caractère ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : (rires) Je suis vraiment hyper timide dans la vie courante. Mais sur le terrain, je suis aussi très rigoureux, et capable de sortir de cette timidité, pour dire à mon coéquipier ce que je pense, pour que ça marche dans l’ensemble. Sans pour autant vous dire, qu’il y a des adversaires, qui savent que je suis un serpent, qu’on ne piétine pas la queue en cours de match.

Guinéenews : Où avez-vous joué dernier match ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : C’est une question de santé sinon j’étais sollicité par plusieurs autres clubs à part Bastia. Ce que je vais révéler à votre micro que plusieurs ne connaissent pas, Je me suis blessé dès mes débuts de carrière. J’ai eu le pubis écarté, j’ai même une barre avec des vis qui retiennent cette partie.

Guinéenews : Tout ce temps Morlaye Soumah évoluait avec ces attaches ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : J’ai évolué tout ce temps avec cette barre au niveau du pubis, et vers la fin, pour plus de temps mis, ca commençait à tirer le dos, je ressentais des douleurs. J’avais du mal finalement à tenir bon, et au lieu de finir dans un état d’handicapé, j’ai préféré arrêter ma carrière, sinon j’avais encore logiquement 4 à 5 ans de carrière à poursuivre devant moi.

Guinéenews : Après la retraite, vous aviez appartenu un moment au staff technique du Syli national de Guinée. Aviez-vous suivi une formation d’entraineur ? Qelle licence possédez-vous, et êtes-vous en activités présentement dans ce domaine ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Quand j’ai arrêté, j’étais déjà superviseur recruteur pendant 5 ans, avec le Sporting club de Bastia. J’ai ramené beaucoup de joueurs notamment Alexandre Song, Michael Essian, et plusieurs autres. Par la suite, j’ai eu quelques diplômes tel que le BEA, BMF, et je me suis arrêté là. J’ai la licence d’animateurs 1 et 2, et la licence sénior, c’est pour diriger les académies.

Guinéenews : Envisagez-vous de créer  une académie de football en Guinée ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Oui, j’avais l’intention d’ouvrir ici en Guinée, et précisément à Foulamadina une académie de football. J’avais 5 hectares réservés, et malheureusement SOLOPRIMO, m’a exproprié ce domaine. J’avais même posé la première pierre avec Bastia, qui était mon partenaire dans ce projet, et ils étaient prêts à assurer le financement. Depuis, je suis dépité, découragé, et quand je vois ce qu’on appelle académie ici en Guinée, ça me fait mal au cœur, à plus forte raison, ce qu’on désigne ici sous le nom de centre technique, qui est loin de l’être, comparer à ceux des autres pays que nous avons connus.

Guinéenews : Malgré tout ce qui vous est arrivé, êtes-vous encore engagé à soumettre d’autres projets pour la jeunesse guinéenne, et pour le pays tout court ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Moi j’ai tout fait pour aider la Guinée, et la Guinée par contre, m’a tourné le dos. Je regrette, qu’il y ait eu un bon bout de temps, ceux qui dirigent ce football, n’ont jamais joué au ballon. Il est possible d’être président d’une fédération de football dans sa gestion, sans pour autant être footballeur. Mais, il est indispensable dans cette structure, de ne pas pouvoir s’entourer de ceux-là, qui ont passé, tout leur temps dans ce métier. Le cas du Sénégal avec Senghor, celui de la Cote d’Ivoire, sans oublier que le Cameroun, sa fédération, est présentement dirigée par un ancien professionnel, qui a été même élus dans le comité exécutif de la CAF. Et pourquoi pas nous ? Où à chaque occasion, ce sont des gens, qui n’ont rien à avoir avec le football, qui viennent s’accaparer de cette chose, et qui nous font honte. Nous avons même le déshonneur, de dire à nos amis, avec lesquels nous avons joué, que nous sommes Guinéens, puisqu’ils se moquent de nous, vu cette situation, qui ne progresse pas au niveau du football guinéen. Notre génération avait tous les atouts pour tout gagner, seulement, que nous n’avions pas eu de bons dirigeants. Cela continue, et jusque-là, les problèmes se perpétuent au sein de la fédération guinéenne de football.

Une instabilité au niveau de cette instance, prouve à suffisance, l’incapacité de tout ce monde, autour du football, qui ne parvient pas à nous sortir, de cet amateurisme, qui s’accentue, à rétrograder ce pays du grand football. Aucune infrastructure, qui réponde aux normes. Combien d’années, notre sélection nationale, livre ses matchs à l’extérieur, pendant que nous avons eu un bijou, en l’occurrence le stade de Nongo, dénommé Général Lansana Conté. C’est dommage ! Je n’ai pas totalement démissionné, j’observe pour l’instant et je compte revenir un jour pour poser des actes au compte de mon pays.

Guinéenews : Avez-vous le rêve de diriger Syli national de Guinée?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : un moment, j’avais opté pour être sélectionneur du Syli national, et le choix fut porté sur Kaba Diawara. Tant mieux, Kaba Diawara a fait ce qu’il a pu. Je ne suis plus prêt, à m’orienter dans ce sens de candidat-sélectionneur. Je préfère aujourd’hui, être au niveau d’une direction technique nationale, où, je compte m’affirmer, auprès des jeunes, pour leur apporter ma contribution. Aider tous ces jeunes, à apprendre à jouer au football, en leur inculquant les notions déjà apprises sur le parcours, surtout de prouver aux jeunes guinéens, que nous avions du respect, de la considération pour nos formateurs, surtout Chérif Souleymane, qui n’a ménagé aucun effort, pour nous guider sur ce bon chemin, serait un idéal pour moi.  

Guinéenews : Si on vous demandait aujourd’hui de composer une équipe de football de votre génération, qui allez-vous choisir pour jouer contre l’actuelle équipe nationale ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : (rires), il sera difficile pour moi, de vous donner une équipe type. J’ai appartenu à 3 générations de footballeurs. Je suis donc partagé entre ces 3 générations. Peut-être, je ne pourrais vous proposer, que 3 classements en équipes types. J’ai joué avec Fily Cissoko, feu doyen Banks, ma génération,  dont vous connaissez, et celle de Pascal Feindouno et autres. Mettre en place, une telle équipe, donnez-moi du temps, je vous donnerais 3 équipes types selon mes expériences (rires), et si cela pouvait être des jubilés de fin de carrière pour d’aucuns, je serai heureux d’inviter d’autres internationaux du continent, qui sont actuellement dans cet hôtel à cette occasion, pour soutenir cet autre international dans ses projets.

Guinéenews : Aujourd’hui, vous vivez de quoi, et quelles sont vos sources de revenus ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Je vis en France, je travaille avec des clubs de divisions inférieures, avec lesquels, j’échange mes expériences pratiques en matière de football, et précisément celles concernant la défense, telle le positionnement défensif, et autres techniques de défense. Je donne ma connaissance aux plus jeunes dans des académies privées pour leur permettre d’avancer, et en contrepartie ça me fait des revenus. Dans tous les cas échéant, j’ai pu faire des économies durant mon parcours, qui me permettent de faire vivre ma famille.

Guinéenews : Projetez-vous un retour définitif au bercail ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Cela va être un peu compliqué, puisque la dernière décision reviendra à mas enfants. Je suis en train de les inculquer l’éducation, que j’ai connue auprès de mes parents, la mentalité guinéenne, en un mot africaine. J’avoue que ce n’est pas évident, et s’ils décident de venir en Guinée de temps à autres, moi dans tous les cas c’est chez moi et c’est mon pays.

Guinéenews : Quels conseils avez-vous à l’endroit de cette jeunesse guinéenne, pétrie de talents dans l’exercice du sport en général, et du football en particulier ?

Morlaye Soumah ‘’Colovati’’ : Vous savez, c’est facile de donner des conseils, de s’élargir dans tous les domaines d’instructions. L’essentiel est que, cette jeunesse doit se respecter, et respecter les encadreurs. Les jeunes doivent se remettre en cause, et savoir quand on vient dans une activité, il faut tout d’abord respecter l’activité, se respecter, suivre les principes et règles, qui régissent l’activité en question.

Ailleurs, on responsabilise le footballeur, en lui laissant le temps de dormir chez lui, en famille, pour après respecter son temps de repos, afin d’en magasiner de bonne idées, pour affronter un match par exemple. En Afrique, et précisément en Guinée, les jeunes footballeurs ne sont pas respectueux des règles et principes. Ils sont prêts pour les boites de nuit, les lounges chicha, et tout ce qui est pervers.

Aux jeunes de remettre les pieds sur terre. Je vous remercie pour cette interview, et j’avais décidé de ne jamais plus parler du football avec la presse. Nous avions été écartés de notre domaine de prédilection, et que faire ? Je pense que tout n’est pas perdu. Nous demandons aux autorités, de nous donner la chance d’intervenir, et de nous permettre de léguer nos connaissances en pratique dans le football.

Imaginez aujourd’hui, la Guinée encore à la recherche d’un entraineur, c’est encore dommage ! Je vous remercie pour votre ténacité car, le temps est très court pour moi, et malgré cela, vous aviez pu atteindre votre objectif, qui ne date pas d’aujourd’hui. Bon courage à vous.   

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

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