10:09 am - 20 juin, 2025

LOLA-Depuis la soirée du vendredi 07 mars 2025, la commune rurale de Foumbadou située à 52 kilomètres de Lola est le théâtre d’un regain de tension. Au centre du bras de fer, la présence des zébus dans cette localité à vocation agropastorale.

Un groupe de jeunes opposés à la présence des bouviers et leur cheptel dans la localité se sont soulevés pour exiger le départ des autorités locales accusées d’être de mèche avec les éleveurs. Les incidents ont fait un blessé et occasionné des cas d’interpellations. Alors qu’un calme précaire est revenu, nous avons pu interroger l’un des leaders de ce mouvement de protestation, dans la soirée de ce samedi 08 mars 2025. Notre interlocuteur est revenu sur la genèse de ce conflit latent. (Image d’archive)

“Le problème a commencé le 07 janvier 2024. Les zébus sont chez nous depuis 2020. Depuis leur arrivée, des champs ont été dévastés. L’année passée, la population s’était révoltée contre les éleveurs pour leur dire de partir.  Des maisons avaient été incendiées. Après tout ça, beaucoup sont partis. Le ministre Nagnalen Barry et Luopou Lamah étaient venus et avaient fait appel à 10 jeunes, 10 femmes et 10 sages. Nous sommes rentrés en négociation, on leur a dit qu’on ne voulait pas des zébus chez nous. Ils nous ont dit de rester calme et de ne pas créer de la pagaille. Nous avons accepté. Ici, nous n’exploitons pas de l’or, ni la bauxite. Ici c’est l’agriculture qu’on connaît. Après eux, le gouverneur suivi du préfet sont tous passés nous avons soutenu les mêmes choses. Le problème s’est calmé un peu.

Quand le président de la délégation spéciale a été installé, nous lui avons réitéré qu’on ne voulait pas de zébus. C’est un natif de la localité, il a juré sur le Coran. Mais quand il est devenu maire, le problème a commencé à ressurgir, nous nous sommes énervés. Nous lui avons prodigué des conseils mais il n’a pas compris. Il y a un éleveur ici, nous avons tout fait pour qu’il quitte, impossible. Quand nous parlons, ils font appel aux forces de l’ordre pour arrêter nos parents et les emprisonner”, soutient notre interlocuteur avant d’ajouter :

L’éleveur en question a baillé un terrain avec un jeune pour 5 ans, à hauteur de 1.000.000 par an. Le deal a été fait entre les deux sans le consentement de la famille à qui appartient le domaine. Maintenant les zébus qu’il a installés dans le domaine commencent à divaguer et à fatiguer les gens. La famille s’est énervée disant que le petit à lui seul ne pouvait pas bailler un domaine familial. Ils ont porté plainte contre l’éleveur. A la gendarmerie, la décision a été prise : que l’argent soit remboursé pour que le concerné quitte. Les agents ont ordonné de lui restituer son argent. Vu que la famille ne parvenait pas à trouver le montant, le village est venu en appui, ils ont trouvé les 4.000.000 parce que l’éleveur avait déjà passé un an. L’éleveur a refusé de prendre l’argent, soutenant que tant qu’il ne finit pas les 5 ans il ne va pas libérer le domaine. Les gendarmes ont donc retourné l’argent à la famille”.

Après que la gendarmerie de Foumbadou soit intervenue dans ce bras de fer, la famille à qui appartient le domaine aurait décidé elle-même de chasser les bœufs. Chose qui aurait tourné au vinaigre.

Après cet incident, le lendemain matin, la famille est sortie. Ce n’était pas tout le village. C’est la famille qui est sortie, ils ont pris quelqu’un pour filmer parce que pour les éleveurs quand tu touches à un de leurs bœufs, ils vont dire que tu as tué 3 ou 15 bœufs. Pour des éléments de preuves, ils ont fait des vidéos. Ils ont commencé à chasser les bœufs jusqu’à ce que les zébus là ont quitté leur domaine. Quand les bœufs ont quitté, ils se sont retournés, les vidéos sont là. L’éleveur a dit maintenant entre vous et moi on verra qui est le plus fort. Si l’État est pour vous ou nous, vous allez voir. L’éleveur est parti directement voir le maire. C’était dans la journée du vendredi maintenant, puisque les bœufs ont été chassés le jeudi 06 mars 2025. Avec le maire, ils ont décidé de faire venir un pick-up. Il y a 3 pick-ups qui ont débarqué pour interpeller les gens. Cela s’est passé au moment de la rupture du jeûne. Donc les gens n’ont plus pu manger, chacun a commencé à fuir. C’était la débandade, ils ont même attrapé un frère là-bas.

Les gens se sont à nouveau énervés pour aller voir le président de la délégation spéciale. Foumbadou qui était un grenier en matière de manioc, aujourd’hui même pour acheter des feuilles de manioc, il faut qu’on donne de l’argent à ceux qui vont à Nzérékoré, c’est une malédiction pour nous. Les jeunes scandaient cela pour aller chez le président de la délégation spéciale. Arrivés sur les lieux, ils ont trouvé que le président à son tour a préparé certains jeunes pour riposter. C’est là-bas il y a eu la fusillade, un de nos amis a été touché au bras. Il a été envoyé à Lola pour des soins”, explique-t-il soutenant que depuis vendredi, les jeunes sont en brousse où ils passent la nuit sans manger en cette période de pénitence.

Après cet acte, ils ont envoyé 3 pick-ups encore. C’est en ce moment que tout a dégénéré. Ils ont commencé à chercher des jeunes. Tous ont fui du village pour la brousse. Depuis hier 19h jusqu’à maintenant nous sommes en brousse. Ce ne sont que des femmes qui sont au village. Je suis en train d’appeler ma maman pour qu’elle puisse m’aider à gagner le manger. Depuis que nous avions fait la rupture hier nous n’avons pas mangé”.

Selon ce citoyen, le problème est particulièrement lié à la présence des zébus considérés comme dévastateurs des champs des agriculteurs de la localité. Il soutient que c’est après plusieurs revendications restées sans suite qu’ils ont décidé d‘exiger le départ des autorités locales de la place.

Le problème est lié aux zébus qui font des ravages dans les champs. Sinon même nous, nous avons des bœufs. Ce qui nous a poussé à demander le départ de l’autorité, c’est parce que tout ce que nous entreprenons ici, ils sont au courant. A chaque fois qu’il y a l’arrivée des zébus, nous leur adressons un écrit pour leur prouver notre désaccord. Ils sont avertis de tout. Les cultivateurs n’ont rien, mais avec les éleveurs, même deux bœufs font déjà 30 millions. C’est pourquoi nous crions pour que le Président de la république nous entende et qu’il sache ce que nous citoyens de Foumbadou, nous sommes en train de subir. Nous n’avons rien à dire ici sur nos propres terres, tu parles ont t’emprisonne. C’est injuste”, a martelé ce citoyen de Foumbadou.

Interrogé sur ce conflit, le juge de paix de Lola soutient qu’il s’agit d’un groupe de personnes qui veut se rendre justice lui-même. Après les incidents dans la localité, l’autorité préfectorale a pris des dispositions pour rétablir l’ordre et interpeller les auteurs de ces troubles, a confié le magistrat.

J’avais ouvert une information concernant certaines personnes qui ont mis dans leurs têtes qu’il faut qu’il se rendent justice elles-mêmes, alors que cela n’est pas possible. J’ai appris des informations que la situation dégénère là-bas. Parce que les personnes indexées s’étaient levées pour chasser les bouviers et même les autorités locales en disant que ces gens là sont corrompus. Ils ont donné un ultimatum non seulement au sous-préfet là-bas, mais aussi au maire, leur demandant de quitter. Après ils ont mis leur menace en exécution. Maintenant il était question du maintien de l’ordre public. Le préfet m’a appelé, on a échangé et finalement nous avons conjugué nos efforts, on a décidé de remettre de l’ordre là-bas, parce qu’il ne peut pas y avoir deux autorités dans une même localité. Les autorités qui sont là-bas, qui sont nommées légalement, certains jeunes ne peuvent pas dire que ce sont eux-mêmes qui rendent la justice là-bas”, soutient le juge de paix de Lola.

Selon le magistrat, s’il s’avère que les bouviers ont causé du tort aux agriculteurs, il s’agit de faire référence à la justice puisque la loi prévoit ces genres d’infraction dans le code pastoral et même pénal.

Si c’est vrai que les bouviers ont causé des problèmes, ils doivent venir porter plainte pour être dédommagés, conformément à leur préjudice. C’est ce que la loi dit. Il y a le code pastoral qui en parle, il y a même le code pénal qui en parle. Mais comme ils n’ont pas fait cela ils sont allés derrière ces gens là avec des armes, nous, nous avons dit qu’il y a erreur dans la démarche. Mais à ma connaissance, il n’y a pas eu de morts d’homme. Il n’y a pas eu coups de feu. Parce que les agents qui se sont rendus là-bas, je leur ai interdit d’y aller avec les armes de guerre. Ils vont avec les armes conventionnelles. Et actuellement, il y a eu une accalmie là-bas. Nous sommes à la recherche des auteurs principaux de ce mouvement. Parce que nous n’avons pas mis main sur les vrais auteurs”, explique le juge de paix de Lola.

Toute nos tentatives pour interroger le président de la délégation spéciale de Foumbadou sont restées vaines, pour le moment.

Dossier à suivre !

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant Régional d’Africaguinee.com

En Guinée Forestière.

Tél : (00224) 628 80 17 43


Créé le 9 mars 2025 12:05

Lire l’article original ici

Nous traitons l'actualité guinéenne, africaine et internationale mais avec un accent fort sur les

© 2025 Le Quotidien. Tous droits réservés. Réalisé par NewsBlock.
Exit mobile version