Le problème d’inondation, notamment à Conakry, constitue aujourd’hui l’un des problèmes les plus urgents à résoudre. Il se pose avec acuité du fait notamment de la construction anarchique et du manque de planification urbaine entraînant souvent une imperméabilisation des sols, réduisant la capacité du sol à absorber l’eau et augmentant le ruissellement.
Depuis trois jours maintenant, de fortes pluies s’abattent sur la capitale guinéenne. Des inondations sont signalées à maints endroits notamment à Kobaya, Yattaya, Gbéssia et autres. À Coyah également. C’est le mois de juillet qui annonce ses couleurs.
Des populations se réveillent le matin les pieds dans l’eau, d’autres emportées par les torrents d’eau et y ayant perdu la vie, des maisons englouties, des biens matériels irrécupérables, des voies impraticables par endroits, voilà à quoi ressemble le visage de Conakry. À qui la faute ?
L’incivisme caractérisé de certains citoyens, notamment le jet d’ordures dans les caniveaux et les constructions anarchiques, sont l’une des causes majeures des inondations. Ce comportement empêche l’eau de s’écouler correctement, saturant les systèmes d’évacuation et augmentant les risques d’inondations. Les caniveaux.souvent bouchés par les déchets, empêchant l’eau de pluie de s’écouler librement, ce qui provoque des inondations.
En effet, certains citoyens, plutôt que de maintenir les caniveaux propres et dégagés pour prévenir les inondations et favoriser une gestion durable des eaux pluviales, profitent, au moment des pluie, pour faire les vidanges de leurs fosses septiques, déverser des immondices dans les caniveaux. Des barrages d’ordures çà et là, obstruant ainsi les passages d’eau et entrainant des inondations et d’autres désagréments. À cela s’ajoutent des dépotoirs sauvages crées, soit au bord des artères ou dans les caniveaux qui sont complètement bouchés.
Outre l’incivisme des citoyens, il est également crucial de souligner le manque de caniveaux et de systèmes d’égouts adéquats.
Les caniveaux occupent une place centrale dans le drainage des eaux de ruissellement provenant des voiries, des concessions et des espaces publics. S’ils sont profonds et grands, ils évacuent efficacement les eaux de pluie pour prévenir les inondations, éviter les dommages aux infrastructures et protéger l’environnement. Mais très malheureusement, pour la plupart, ces caniveaux ne sont pas suffisamment profonds et grands pour évacuer efficacement les eaux de pluie.
Pour prévenir et réduire les risques d’inondation, il faut une véritable stratégie qui impose une approche proactive en matière de prévention des inondations sur l’ensemble des territoires à risques. Il faut donc :
1. mettre en place un plan ou une stratégie nationale de gestion des risques d’inondations ;
2. redoubler d’efforts notamment dans le curage des caniveaux pour garantir une gestion efficace des eaux pluviales ;
3. doter l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUCH) et les mairies ou délégations spéciales des équipements nécessaires de nature à permettre des interventions d’urgence ;
4. aménager des espaces verts pour évacuer plus efficacement l’eau par le sol.
S’agissant de la gestion des ordures, il faut un contrôle rigoureux, permanent et une prise de sanctions à l’encontre des citoyens auteurs, par manque de civisme, du bouchage des caniveaux et de l’obstruction des passages d’eaux. À ce niveau, il faut :
1. mettre en place une politique pérenne d’assainissement et de gestion des ordures ;
2. installer suffisamment de poubelles publiques ;
3. faire la promotion des PME de ramassage d’ordures à travers des campagnes de sensibilisation pour amener les populations à s’abonner ;
4. améliorer les infrastructures d’assainissement ;
5. organiser des campagnes de sensibilisation et d’incitation des citoyens à ne pas jeter leurs déchets dans les rues, caniveaux ou autres espaces publics ;
6. mettre en place une brigade spéciale de répression contre le jet des ordures dans les caniveaux, sur des places et voix publiques ;
7. chercher à ouvrir une usine ou développer une politique consistant à transformer les ordures en électricité et autres.
Au demeurant, il faut aujourd’hui de véritables solutions de prévention et de gestion des risques d’inondation.
Sayon MARA
Juriste
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