11:56 am - 20 août, 2025

CONAKRY — Alors que les vacances scolaires sont synonymes de repos pour beaucoup, elles se transforment en une période d’incertitude financière pour de nombreux enseignants du secteur privé en Guinée. Confrontés à l’absence de salaire durant les trois mois d’inactivité, ces professionnels de l’éducation sont contraints de trouver des solutions alternatives pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Une situation financière précaire

Rencontré à son domicile le 29 juillet 2025, M. K., professeur de français dans une école privée à Cosa depuis trois ans, décrit les difficultés de cette période. « Moi, je suis enseignant dans une école privée à Cosa depuis 3 ans. Je donne des cours de français, mais dans l’école où j’évolue, nous ne sommes pas payés pendant les trois mois de vacances. Nous avons tant revendiqué, malheureusement, les responsables de l’école nous disaient que dans leur école, c’est le travail qui est payé. Donc, c’est pour cette raison que pendant les vacances, nous rencontrons beaucoup de difficultés pour gérer les dépenses de la famille. Pour payer la location, actuellement, nous sommes obligés d’aller emprunter de l’argent pour pouvoir gérer certaines dépenses jusqu’à l’ouverture des classes », témoigne-t-il.

L.B., un autre enseignant, partage ce constat, soulignant qu’il a dû commencer des cours de vacances pour s’en sortir. Il explique : « Nous les enseignants qui sommes dans les écoles privées, sommes confrontés à d’énormes difficultés parce que nous ne sommes pas du tout payés pendant les trois mois de vacances. Pour subvenir aux besoins de la famille, nous avons même commencé des cours de vacances avec certains élèves. Et même avec cela, les parents viennent se plaindre qu’ils n’ont pas les moyens de payer le montant que nous leur demandons : 60 000 francs guinéens pour la 6ème année. Certains parents ne paient que 40 000 francs guinéens ou 30 000 francs guinéens, et tu es obligé d’accepter parce qu’on peut rester comme ça sans rien faire, alors que nous avons une famille à nourrir et des logements à payer. Pour vous dire la vérité, pendant les vacances, nous sommes dans d’énormes difficultés ».

Certains établissements tentent d’amortir le choc, comme l’indique O.T., professeur d’anglais : « Nous, pendant les trois mois de vacances, nous sommes payés à moitié de nos salaires. Par exemple, si tu as l’habitude de percevoir 1 000 000 FG, on te donne 500 000 FG à chaque fin de mois. C’est comme ça que ça se passe dans notre école ».

D’autres ont dû trouver des solutions plus originales. M.Y.D. a ainsi transformé l’activité de sa femme en un plan de survie. « Moi, j’ai une boutique. Pendant l’année scolaire, c’est ma femme qui reste dans la boutique, et moi, si ce sont les vacances, je viens la remplacer, parce que c’est ici qu’on se débrouille pour chercher les dépenses de la famille pendant les trois mois de vacances », confie-t-il.

Le syndicat s’engage pour la régularisation du secteur

Face à cette situation, Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation (SNE), exprime son inquiétude et annonce des mesures. « Nous remarquons que beaucoup d’écoles privées ne paient pas les congés décrétés par la fonction publique, mais aussi que la période de vacances n’est pas payée pendant les trois mois. Il y a même des écoles qui ne paient pas le mois de juin, alors que les parents d’élèves paient le mois de juin à l’inscription dès le début octobre. Donc, c’est un constat très amer », constate le syndicaliste.

Le syndicat a déjà commencé à travailler sur des solutions. « En tant que syndicat de l’éducation, nous avons travaillé à la réglementation du secteur de l’enseignement privé. D’abord, nous avons plaidé en faveur de la réhabilitation de la Direction nationale de l’enseignement privé, ce qui est devenu une réalité avec l’avènement du CNRD. Ensuite, nous travaillons sur un projet de loi visant à réglementer le secteur de l’enseignement privé. C’est-à-dire qu’il faut faire en sorte que l’État ait un regard sur le fonctionnement des écoles privées. Ainsi, ces enseignants-là auront des emplois garantis et non précaires. Parce que vous savez que ce sont des gens qui obtiennent de très bons résultats pour les écoles privées », a-t-il indiqué.

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com



Créé le 14 août 2025 15:06

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