12:27 pm - 23 juin, 2025

L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a publié son rapport d’activité pour l’année 2024, marquée par un niveau inédit de demandes d’asile en France. Avec 153 715 demandes de protection internationale introduites, soit une progression de 7,8 % par rapport à 2023, l’institution fait face à une pression croissante, dans un contexte mondial toujours plus instable.

L’augmentation du nombre de demandes s’explique principalement par les conflits armés, les crises politiques ou humanitaires persistantes dans plusieurs régions du monde. L’Afghanistan, l’Ukraine, la Guinée, Haïti ou encore le Soudan figurent parmi les pays les plus représentés.

Face à cette dynamique, l’OFPRA a rendu près de 141 900 décisions, avec un délai de traitement moyen maîtrisé à 4,6 mois. L’année a vu l’octroi d’une protection à 70 284 personnes, portant à plus de 663 000 le nombre de personnes actuellement protégées par l’établissement.

Les chiffres du rapport montrent une évolution notable : la demande émanant des femmes afghanes a fortement augmenté, atteignant un taux de protection de 98 %. De manière générale, près de 39 % des demandeurs ont vu leur demande acceptée. Ce taux reflète l’attention accordée par l’OFPRA aux profils dits vulnérables, tels que les victimes de violences, de torture, de traite ou les personnes menacées en raison de leur genre ou orientation sexuelle.

L’Office a conduit 87 928 entretiens, souvent sensibles, avec l’aide d’interprètes dans plus de 140 boxes dédiés, et assuré l’établissement de 77 300 actes d’état civil, en hausse de 19 % par rapport à l’année précédente.

La Guinée, troisième pays d’origine des demandeurs

La Guinée s’impose comme le premier pays africain et le troisième au niveau mondial en termes de primo-demandeurs d’asile en France en 2024, avec 11 336 premières demandes recensées. Cette hausse de près de 48 % traduit un accroissement de la mobilité guinéenne vers la France dans un climat de crise politique persistante, tensions sociales et dégradation économique.

Le profil des demandeurs guinéens se caractérise par une forte proportion de jeunes hommes, âgés en moyenne de 27 à 28 ans, souvent célibataires et sans attaches familiales. Mais les femmes sont également nombreuses à solliciter l’asile, en particulier en raison de violences conjugales, mariages forcés, mutilations sexuelles, ou en rupture familiale.

Plusieurs font également état de risques en lien avec leur orientation sexuelle ou leur foi.

Les motifs politiques sont également fortement représentés, avec des demandeurs se déclarant menacés en raison de leur appartenance réelle ou supposée à des partis d’opposition, ou à cause de leur engagement militant, notamment sur les réseaux sociaux.

La Guinée est aussi le quatrième pays en nombre de réexamens de demande, avec près de 1 000 dossiers enregistrés, souvent justifiés par des évolutions personnelles ou du contexte de persécution.

L’Afrique reste la première région de provenance

Sur l’ensemble du continent africain, 66 445 demandes ont été enregistrées, soit 46 % de la demande globale, en hausse de 20 %. Outre la Guinée, plusieurs pays se distinguent :

RDC (10 331 demandes) : persécutions politiques, conflits armés à l’est du pays, violences sexuelles.

Côte d’Ivoire (9 782) : conflits familiaux, mariages forcés, orientation sexuelle, opposition politique.

Soudan (4 927) : guerre civile, attaques de milices, exactions.

Nigéria (2 850) : violences liées à Boko Haram, traite des femmes, persécutions religieuses.

Burkina Faso (358) : attaques djihadistes, soupçons communautaires, menaces politiques.

Angola (2 566) et Burundi (227) : violences ciblées, affiliations politiques, tensions ethniques.

À Mayotte, les ressortissants de RDC, des Comores et de Somalie dominent les flux, souvent dans un contexte de forte instabilité locale et d’insécurité migratoire.

Pour répondre à la pression croissante, l’OFPRA a intensifié ses missions hors les murs, avec 71 déploiements en métropole, Outre-mer (Guyane, Mayotte, Guadeloupe) et à l’international, notamment en lien avec les programmes de réinstallation du HCR.

Ces actions ont permis l’accueil de 2 277 réfugiés vulnérables, sélectionnés en Turquie, au Rwanda, au Cameroun ou au Tchad.

L’année a également été marquée par le déploiement de projets de coopération internationale, comme l’appui au régime d’asile tchadien, et par des actions mémorielles, dont le soutien au film L’histoire de Souleymane, consacré au parcours d’un demandeur d’asile guinéen.

Une réforme structurante en 2025

Le rapport souligne que 2024 a posé les fondations d’une réforme importante prévue pour 2025 : la création des pôles territoriaux France Asile, qui visent à rapprocher l’OFPRA des demandeurs dès le début de leur parcours. Cette réforme, structurante, vise à fluidifier la procédure d’asile, améliorer l’accès au droit et renforcer la lisibilité de l’action publique.

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