Depuis plusieurs semaines, la Guinée est confrontée à une pénurie persistante de ciment, un matériau essentiel à toute construction en dur. Une situation qui perturbe profondément l’ensemble de la chaîne, des grossistes aux ouvriers.
Pour mieux cerner les origines de cette crise, la rédaction de Guinée360.com s’est rendue chez BALDÉ ET FRÈRES, l’un des principaux distributeurs de ciment à Conakry. Sadou Baldé, agent commercial de la société, évoque une rupture d’approvisionnement liée aux grands chantiers en cours dans le pays.
“Ça fait près de deux semaines que nos camions sont à l’usine et on n’a pas pu les charger. Car notre fournisseur qui est à l’usine nous a fait savoir que les camions sont tous focalisés vers les différents chantiers du projet Simandou, d’autres Rio Tinto, dans les grands projets de l’État. Ce qui fait que nous n’arrivons pas à charger nos camions pour nos différents magasins. Les discussions sont en cours, parce qu’on a même essayé de contacter notre gestionnaire au niveau de l’usine, il nous a dit que la rupture va bientôt prendre fin”, explique-t-il.
Cette rupture se répercute directement sur les petites unités de production, comme les ateliers de fabrication de briques. “Cette situation nous impacte beaucoup parce que ça fait plus d’une semaine que l’on ne travaille pas. D’habitude, on utilisait 27 à 30 sacs de ciment chaque jour dans la confection des briques. Malheureusement, tout est à l’arrêt, même si tout le matériel nécessaire à la confection des briques est là : du granite, du sable et de l’eau dans les bassins. À cause de cette pénurie, tous mes employés, au nombre de 9 personnes, sont au chômage depuis plus de 7 jours”, témoigne-t-il sous anonymat.
La menace d’une flambée des prix plane désormais sur le secteur. “Chez nous, jusqu’à présent, le prix unitaire des briques reste intact selon leur numéro, parce que le stock qu’on avait ici, c’est ce qu’on utilise jusqu’à présent. Mais si jamais on a du ciment et que le prix augmente, c’est forcé que nous augmentons aussi le prix. Puisqu’avant cette pénurie, le prix du sac de ciment était entre 70 000 à 75 000 francs guinéens. Mais actuellement, certains disent qu’ils achètent le sac à 85 000, d’autres à 95 000”, alerte-t-il.
Les ouvriers aussi tirent la sonnette d’alarme. Mohamed Sylla, briquetier de profession, déplore une précarité croissante. “Nous demandons aux autorités de tout mettre en œuvre pour trouver une solution rapidement à cette situation qui nous impacte fortement. Cela fait près d’une semaine que 8 de mes collègues et moi ne travaillons pas, dû au manque de ciment. Avant, chacun de nous pouvait utiliser jusqu’à 4 sacs de ciment par jour, ce qui équivaut à 200 000 francs guinéens. Actuellement, on ne fait qu’utiliser la petite économie qu’on a eue à faire pour subvenir à nos besoins, sans rien épargner en retour”, déplore-t-il.
Dans un contexte où la demande dans le secteur de la construction ne cesse de croître, l’absence de solution rapide pourrait non seulement ralentir les chantiers, mais aussi provoquer une hausse généralisée des prix dans les prochains jours.
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