Fondée en 1961, l’école primaire Soudiata 1 de Kankan, située dans l’enceinte de la 3è région militaire Soundiata Kéita, traverse aujourd’hui une situation critique.
Bâtiments fissurés, toitures endommagées, charpentes fragilisées : le cadre d’apprentissage ne répond plus aux normes minimales de sécurité.
C’est le constat dressé par notre correspondant régional à la veille de la rentrée scolaire 2025-2026.
Une école complètement délabrée
Rencontré ce lundi, le directeur de l’établissement, Kourouma Ibrahima Nabé, n’a pas caché son inquiétude : « Il y a beaucoup de manquements. L’école est complètement délabrée. Avant, nous avions huit classes, mais deux sont tombées. Dans la cour du CI, il y avait deux salles ; depuis qu’elle a été clôturée, nous n’y avons plus accès. Il nous reste pratiquement quatre salles de classe. Le seul bâtiment encore debout date de l’indépendance. Depuis sa création, ce sont les directeurs successifs qui se débrouillent pour entretenir », explique-t-il.
Cette situation entraîne une baisse des effectifs, faute de pouvoir accueillir de nouveaux élèves. Actuellement, l’école compte pourtant plusieurs centaines d’apprenants pour seulement quatre salles disponibles.
La double vacation imposée
Pour gérer l’ensemble des six niveaux, l’établissement est contraint de pratiquer la double vacation. « Avec seulement quatre classes, nous faisons cours le matin et l’après-midi. C’est la seule solution pour recevoir tous nos élèves », précise le directeur.
Mais les conditions d’apprentissage restent loin d’être idéales. La vétusté des infrastructures inquiète tant les enseignants que les parents. « Voir les enfants étudier dans ce bâtiment est risqué. À la veille des grandes pluies, nous sommes obligés d’accélérer les programmes pour les libérer plus tôt », ajoute Kourouma Ibrahima Nafé.
Entre négligence et manque de moyens
L’établissement, situé dans un camp militaire, souffre également d’un malentendu institutionnel. «Généralement, les autorités éducatives et administratives pensent que c’est le camp qui doit prendre en charge les travaux. Résultat : nous ne bénéficions pas de rénovations. Même lorsque les ONG veulent intervenir, elles demandent des plans de masse que nous n’avons pas, parce que l’école est dans la cour du camp », souligne le directeur.
Ironie du sort, rappelle l’enseignant, peu d’enfants de militaires fréquentent l’école. « Si vous prenez tous les élèves, il n’y a pas 20 enfants de militaires. Ils préfèrent inscrire leurs enfants dans des écoles privées », constate-t-il.
Appels restés sans suite
L’année dernière déjà, le Directeur préfectoral de l’éducation de Kankan dit avoir lancé une alerte, sans succès. D’anciens élèves de Soudiata 1 avaient également manifesté leur volonté de contribuer à la réhabilitation, mais leurs démarches n’ont pas abouti.
Face à l’urgence, le Directeur lance un appel pressant : « Je demande aux autorités de venir constater l’état de l’unique bâtiment restant. C’est une école qui a formé beaucoup de personnalités dans ce pays. Mais si rien n’est fait, d’ici l’année prochaine, ce bâtiment ne sera plus utilisable. »
Parents inquiets, avenir menacé
Les parents d’élèves, eux aussi, dénoncent l’inaction des autorités malgré les multiples alertes. Ils redoutent qu’un drame ne survienne si les conditions actuelles perdurent.
En attendant une intervention urgente, les risques pour la sécurité des enfants et du personnel demeurent élevés, et la qualité de l’enseignement continue de se détériorer.
Karifa Doumbouya Correspondant à Kankan
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