La Guinée est en deuil suite à la disparition de N’Famoussa Keïta, plus connu sous le nom de Moussa Koffoe. Lors de ses obsèques ce mardi 13 mai dans la cité des agrumes, le ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat a rendu hommage à ce monument de l’humour guinéen, dont l’œuvre a marqué plusieurs générations.
Détenteur de la carte d’assurance maladie, le défunt figurait parmi les 67 bénéficiaires de Kindia sur les 1100 artistes et professionnels de la culture actuellement couverts à travers le pays.
Le ministre Moussa Moise Sylla, tout en saluant la mémoire de l’artiste, affirme que ce dernier était un éclaireur qui savait ‘’transformer nos douleurs en sourires’’. Discours…
Monsieur le Gouverneur de la Région de Kindia,
Monsieur le Préfet,
Chers membres de la famille éplorée,
Vénéré Patriarche de la Basse Guinée Distingués artistes et acteurs culturels,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une profonde douleur et une immense émotion que nous nous réunissons aujourd’hui pour honorer la mémoire de N’Fa Moussa Keïta, affectueusement connu de tous sous le nom de Moussa Koffoe. Son départ nous bouleverse, tant il laisse derrière lui un vide béant dans l’univers culturel guinéen et dans le cœur de ceux qui l’ont connu, aimé, admiré.
Au nom du Président de la République, Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, du Premier Ministre, de l’ensemble du gouvernement, et en mon nom personnel, je vous adresse nos condoléances les plus sincères et les plus attristées. À sa famille biologique, à ses épouses et ses enfants, à ses proches, à ses compagnons de scène, ainsi qu’à l’ensemble de la grande famille artistique guinéenne, j’exprime notre profonde compassion et notre solidarité dans cette épreuve.
Moussa Koffoe n’était pas simplement un humoriste. Il était un éclaireur, un miroir de notre société, un porteur d’espoir et de rires dans les instants les plus sombres. À travers ses mots, ses gestes, son regard vif et son esprit acéré, il savait transformer nos douleurs en sourires, nos travers en leçons, nos quotidiens en théâtre vivant.
Son art, bien au-delà du divertissement, était un acte de foi en notre humanité commune. Il faisait rire, mais surtout, il faisait réfléchir. Il interpellait, dénonçait, éveillait les consciences. En cela, il était un véritable éducateur populaire.
Moussa Koffoe, même sans canne en main, était une bibliothèque vivante de notre humour, de nos traditions, de notre imaginaire collectif. Avec sa disparition, c’est une flamme précieuse de notre patrimoine immatériel qui s’éteint.
Le Président de la République, Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, porte dans son cœur la famille culturelle de notre pays. Conscient des défis que rencontrent nos artistes, il a engagé des réformes ambitieuses pour leur assurer la reconnaissance et la dignité qu’ils méritent.
L’une des plus fortes expressions de cet engagement est la mise en place de la carte médicale dédiée aux artistes et professionnels de la culture. Moussa Koffoe en était bénéficiaire. Ce dispositif, pionnier en son genre, permet un accès gratuit aux soins dans les hôpitaux, pharmacies et laboratoires répartis dans les huit régions administratives du pays.
Certes, nul ne peut échapper à la volonté divine, mais cette carte constitue une main tendue de l’État, une barrière contre l’humiliation de la maladie, un outil de dignité pour celles et ceux qui consacrent leur vie à sublimer la nôtre. Je rappelle que cette carte n’est ni un badge, ni une pièce d’identité : c’est un bouclier sanitaire à activer en cas de besoin. Les directeurs préfectoraux de la culture sont là pour vous accompagner, vous orienter, vous assister.
Avec le soutien constant du Chef de l’État, nous allons porter cette année le nombre de bénéficiaires de 1 100 à 2 000. Ce n’est pas une faveur, c’est une reconnaissance. Une reconnaissance du rôle vital que jouent les artistes dans la construction de notre vivre-ensemble, de notre mémoire, de notre fierté nationale.
Car l’œuvre d’un artiste ne se mesure ni en cachets ni en trophées. Elle se mesure à l’empreinte laissée dans les âmes, à l’écho des rires et des larmes qu’il a su faire couler, à la transmission d’une histoire, d’une identité, d’un héritage. Et en cela, Moussa Koffoe a plus que rempli sa mission : il a laissé une trace indélébile dans le cœur des Guinéens.
Moussa Koffoe a vécu certes modestement, mais surtout dignement. Sachez-le, chers frères artistes, hommes et femmes de la culture : ce que vous faites pour le rayonnement de notre pays, la sauvegarde et la promotion de notre patrimoine n’a pas de prix. Aucun montant ne peut égaler ce sacrifice. C’est pourquoi, le Président de la République inscrit la culture parmi ses priorités, comme en témoigne sa vision dans le programme Simandou 2040.
Moussa Koffoe nous a tous donné le sourire. Or, le sourire est quelque chose de contagieux ; alors, répandons autour de nous l’unité et la cohésion entre les filles et les fils de la Guinée. C’est ainsi que nous resterons fidèles à l’héritage de Moussa Koffoe.
N’oublions pas sa femme et ses enfants. Tout ne se résume pas à l’argent : il existe quelque chose d’unique que procure le réconfort, et qu’aucune fortune ne peut remplacer. Soyons présents pour eux.
Que son âme repose en paix, dans la lumière et la miséricorde de Dieu. Que son héritage continue de vivre, de nourrir, d’inspirer les générations futures.
Adieu l’artiste, adieu le frère.
Que la terre de Kindia, que la terre de Guinée, que la terre d’Afrique te soit douce.
Et que ton rire, éternel, continue de résonner dans nos mémoires.
Merci.
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