Lors d’une rencontre ce mercredi 21 mai avec le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mame Mandiaye Niang, à Conakry, Maître Alpha Amadou DS Bah, avocat des victimes du stade du 28 septembre 2009, a exprimé ses inquiétudes après la grâce présidentielle accordée au capitaine Moussa Dadis Camara.
Face à l’émissaire de la CPI, Maître DS Bah a dénoncé la grâce accordée à Moussa Dadis Camara, condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité. ‘’Nous avons beaucoup d’inquiétudes. La première inquiétude réside sur le fait que sur l’autel de la réconciliation nationale, on est en train de tout mettre en œuvre pour favoriser l’impunité. Au-delà de la réparation que les victimes sollicitent, il y a la question de mettre fin à l’impunité et la grâce est tombée comme un couperet sur la tête des victimes’’, a-t-il déclaré.
Il fait remarquer que ‘’48 heures après l’annonce de l’indemnisation, nous avons vu que Moussa Dadis Camara a été gracié. Soyons d’accord, le président de la République a tout à fait le droit de gracier une personne qui est condamnée. Mais encore, faudrait-il que cette décision soit définitive. C’est en cela que nous dénonçons cette attitude qui consiste à vouloir à tout prix mettre en œuvre cette grâce pour pouvoir permettre aux personnes condamnées de ne pas répondre de leurs actes. Moussa Dadis Camara, c’est le principal concerné dans cette affaire’’.
L’avocat a interpellé le bureau du procureur de la CPI, rappelant que le mémorandum signé avec la Guinée prévoyait un suivi des engagements judiciaires du pays. ‘’Si les conditions de complémentarité ne sont pas respectées, la CPI peut rouvrir le dossier’’, a-t-il souligné.
Il a attiré l’attention de la CPI sur le fait que ‘’nous sommes presque convaincus que les autres condamnés seront graciés’’, avant de se demander ‘’si cela pourrait constituer une ligne rouge au niveau du bureau du procureur ou est-ce qu’il faut se contenter simplement de l’indemnisation qui aura été versée aux victimes ?’’.
‘’Nous pensons que la réconciliation nationale est quelque chose d’utile dans un pays, mais punir les gens qui ont commis ces crimes, c’est aussi participer à l’œuvre de justice pour que plus jamais de tels cas ne se répètent. C’est pourquoi, M. le procureur, nous nous voulons que vous soyez notre messager auprès du gouvernement afin que qu’on laisse la justice faire correctement son travail’’, a-t-il plaidé.
Maitre Bah admet que ‘’le politique peut toujours interférer dans les affaires de ce genre sur les questions des crimes de masse, mais que les procédures qui sont pendantes puissent connaître leur épilogue. Il est indispensable que ceux qui ont commis ces crimes soient punis’’.
Il se dit préoccupé par le retard accusé dans l’examen de l’appel interjeté après le verdict du procès. ‘’Depuis combien de mois l’appel qui est interjeté n’est pas examiné ?’’, s’interroge-t-il, ajoutant que ‘’c’est une autre préoccupation parce qu’aujourd’hui, nous sommes suspendus par rapport à cet appel. Le procès est complètement vidé de son contenu. Il reste d’autres condamnés en prison, mais à quand l’organisation de ce procès en appel ?’’
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
00224 662 78 58 57/salimbalde91@gmail.com
Lire l’article original ici.