L’enlèvement par des inconnus du père du journaliste critique Mamoudou Babila Keita, survenu le lundi 29 septembre à Nzérékoré, suscite la réaction de Maître Mohamed Traoré, qui fait une comparaison troublante.
L’ancien conseiller national de la transition, lui-même victime d’enlèvement et de tortures il y a quelques mois pour ses positions, a exprimé son soutien total au journaliste et s’est inquiété des similitudes frappantes entre les deux événements.
Selon les proches de la victime, le père du journaliste Babila, âgé de 75 ans, a été enlevé à son domicile à l’aube par des inconnus, puis conduit dans des véhicules qui attendaient à proximité. Mohamed Traoré établit un parallèle entre l’enlèvement du père de Babila Keita et sa propre agression, pointant du doigt un mode opératoire quasi identique.
‘’Pour avoir été moi-même victime d’enlèvement, je ne peux qu’apporter mon soutien à Babila et lui témoigner toute ma solidarité, suite au kidnapping de son père’’, a déclaré Me Traoré. ‘’Je constate curieusement le même modus operandi que dans mon cas : des gens qui tournent autour de votre domicile et/ou de votre lieu de travail, ils prennent des renseignements sur vous dans le voisinage avant de passer à l’action. Et ils font tout pour ne pas être identifiés. Une fois qu’on est à leur merci, on n’entend que des voix, on ne voit aucun visage, on ne connaît pas leur nombre exact et gare à celui qui tente de les dévisager. C’est la mort assurée’’, a-t-il ajouté.
L’ancien membre du CNT a également soulevé des questions sur le moment choisi pour cet acte, alors que la Guinée vient d’adopter et de promulguer une nouvelle constitution qui garantit les droits et libertés des Guinéens.

‘’Il est pour le moins curieux que l’enlèvement du père de Babila survienne quelques jours seulement après l’adoption et la promulgation d’une nouvelle constitution, plus novatrice sur la question des droits fondamentaux, disent pompeusement certains’’, a-t-il souligné, assurant que ‘’c’est la preuve encore une fois que la reconnaissance des droits et libertés dans une norme juridique, y compris la norme suprême qu’est la constitution, est une chose, leur respect en est une autre’’.
L’avocat affirme que ces actes n’entameront pas sa soif de justice, même s’il est conscient des risques. ‘’Je suis convaincu que des parents, des amis et d’autres personnes pourraient m’appeler, après avoir lu ce post, pour me demander de faire attention, d’être prudent. Mais lorsqu’on a été une victime directe d’actes lâches et barbares, il n’est pas facile de s’en remettre uniquement à la volonté de Dieu. On éprouve naturellement une soif de justice, surtout quand on est sûr de n’avoir rien fait pour subir ces actes’’, a assuré Me Traoré.
En tout état de cause, a-t-il poursuivi, ‘’la seule et unique forme de prudence que l’on pourrait observer face à une telle situation et dans le contexte actuel serait sans doute de se taire à jamais. C’est justement ce que veulent certains’’.
‘’En fin de compte, on va essayer de se taire le temps que le phénomène des enlèvements suivis de tortures concerne directement ou indirectement un plus grand nombre de citoyens. Même si on ne le souhaite vraiment pas. Mais ce serait l’occasion d’une prise en compte effective de la dangerosité de la situation. Malheureusement, l’expérience de tous les jours montre que lorsqu’il se pose un problème aux citoyens, ils préfèrent s’y adapter, le contourner ou y faire face pour le résoudre’’, a conclu cet avocat engagé dans la défense des acquis démocratiques.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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