Alors que la Guinée s’apprête à franchir une étape décisive de sa transition, avec la remise officielle du projet de nouvelle Constitution au président Mamadi Doumbouya, suivie d’un référendum prévu le 21 septembre 2025, puis des élections présidentielle et législatives d’ici la fin de l’année, plusieurs voix s’élèvent. La CEDEAO, pour sa part, a salué les efforts fournis par les autorités guinéennes, tout en les appelant à accélérer le processus de retour à l’ordre constitutionnel. Pour mieux comprendre la position de l’Union des Forces Républicaines (UFR) sur ces enjeux, Guinee360 a joint Mouctar Kalissa, secrétaire général de la jeunesse du parti. Dans cet entretien, il revient sur l’empêchement de Sidya Touré de se faire enrôler en Côte d’Ivoire, la participation éventuelle de l’UFR à la remise du projet de Constitution, ainsi que sur la lecture que fait le parti des dernières décisions de la CEDEAO.
Guinee360 : Nous apprenons que Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo ont été empêchés de se faire enrôler. Qu’en est-il exactement du cas de Sidya Touré ?
Kalissa Mouctar : D’après ce que nous avons constaté, les agents recenseurs ont tout simplement refusé d’enrôler M. Sidya Touré, le leader de l’UFR. Ils ne veulent pas qu’il soit recensé, c’est tout.
Quelles raisons ont été avancées ?
Aucune. Dès qu’il a été empêché, il est rentré chez lui. Il n’a reçu aucune explication. Mais avec le temps, on comprendra. Nous, à l’interne, savons déjà de quoi il s’agit : c’est une stratégie de confiscation du pouvoir. Pour cela, il faut écarter Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, les deux poids lourds de la politique guinéenne. Ce n’est pas une surprise pour l’UFR.
La présidence a invité les partis politiques à la cérémonie de remise du projet de Constitution. L’UFR compte-t-elle y participer?
L’UFR est une institution. À ce jour, nous n’avons reçu aucune convocation officielle. Et rappelons que nous sommes un parti suspendu. Notre priorité actuellement, c’est de réunir nos dossiers pour les déposer au MATD afin de relancer nos activités politiques. Une institution fonctionne sur la base de communications formelles. Il faut des courriers pour qu’elle puisse mandater une délégation. Cela n’a pas été fait. Ce silence prouve, selon nous, que ceux qui dirigent aujourd’hui manquent de maturité politique et administrative.
Si une invitation vous parvient à la dernière minute, seriez-vous disposés à y répondre ?
C’est une question délicate. Nous restons un parti suspendu. Un parti suspendu a-t-il le droit de participer à une cérémonie officielle ? La suspension a-t-elle été levée ? Ce sont des questions essentielles. Pour nous, la priorité reste la levée formelle de cette suspension.
Que pensez-vous des félicitations adressées par la CEDEAO aux autorités de la transition ?
L’UFR en prend acte. La présidence de la CEDEAO vient de changer : c’est désormais notre voisin de la Sierra Leone qui est aux commandes. Il cherche sans doute à favoriser la paix et la stabilité en Guinée, car toute crise ici a un impact sur la sous-région. Nous ne nous opposons pas à cette démarche. Nous en prenons simplement acte.
Une mission politique de haut niveau de la CEDEAO est attendue prochainement en Guinée. Quelle est votre réaction ?
C’est une bonne initiative, à condition qu’elle débouche sur des résultats concrets. La CEDEAO d’hier était plus équitable. Celle d’aujourd’hui a parfois eu du mal à gérer certaines crises. Mais avec cette nouvelle présidence, nous espérons qu’elle pourra réellement contribuer à restaurer la paix et la stabilité. Cela dépendra aussi de la volonté d’écoute du CNRD. On ne peut dialoguer qu’avec quelqu’un qui écoute. Parler à un sourd ne mène à rien.
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