Chaque mois d’octobre, le monde se teinte de rose pour rappeler l’importance de la lutte contre le cancer du sein. Symbole d’espoir, de solidarité et de prévention, la campagne mondiale « Octobre Rose » vise avant tout à promouvoir le dépistage précoce, considéré comme l’arme la plus efficace contre cette maladie silencieuse. En Guinée, le cancer du sein demeure la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Pourtant, selon les spécialistes, une prise en charge rapide permettrait de sauver de nombreuses vies. Mais le retard au diagnostic reste un défi majeur dans la lutte contre cette pathologie.
C’est dans ce contexte que le Centre de santé de Lambanyi, situé dans la commune de Ratoma, s’est engagé dans la campagne nationale de dépistage gratuit du cancer du sein. Cependant, lors de notre passage sur les lieux, le constat est préoccupant : la salle d’attente est presque vide. Aucune femme n’était venue ce jour-là pour un dépistage. Les rares patientes présentes consultaient pour d’autres raisons médicales.
Malgré cette faible affluence, le personnel médical reste mobilisé. « Nous organisons des séances d’information les lundis et vendredis. Nous expliquons aux patients que le dépistage du cancer du sein est désormais disponible ici. Avant, ce n’était pas le cas, mais depuis notre formation, nous avons intégré cette activité », explique Aïcha Koulibaly, sage-femme au centre.
Ces séances de sensibilisation s’adressent aussi bien aux femmes qu’aux hommes. « Lors des causeries éducatives, nous parlons du cancer du sein à tous, même à ceux venus pour la planification familiale ou le dépistage du VIH. Nous leur demandons d’en parler à leurs épouses, sœurs ou voisines », poursuit-elle.
Peu à peu, ces efforts commencent à produire des résultats. « Hier, par exemple, nous avons reçu onze femmes pour le dépistage. Certains jours, nous en recevons entre cinq et sept. Pour l’instant, aucun cas positif n’a été détecté, ce qui est encourageant », confie la soignante, un léger sourire aux lèvres.
Mais le défi reste de taille. La peur, les tabous et le manque d’informations freinent encore de nombreuses femmes. « Elles comprennent l’importance du dépistage, mais au moment de passer à l’examen, certaines prennent peur et refusent. Il faut continuer à les sensibiliser, leur montrer que ce n’est ni douloureux ni dangereux », insiste Aïcha Koulibaly.
Son message est sans équivoque : « Toutes les femmes devraient venir se faire dépister, même celles qui se sentent en parfaite santé. Le cancer du sein est une maladie silencieuse ; détecté tôt, il se soigne. Se faire dépister, c’est se donner une chance. »
En ce mois d’Octobre Rose, le témoignage du Centre de santé de Lambanyi résonne comme un appel à la responsabilité collective : la prévention sauve des vies, mais elle commence par un simple geste — franchir la porte du dépistage.
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