CONAKRY – Le marché de Sonfonia gare est devenu un symbole de l’insalubrité urbaine. Ce carrefour vital, grouillant de vie et d’activités, est aujourd’hui un “champ de bataille” où les ordures ont pris le pouvoir, transformant le quotidien des commerçants et des conducteurs en un enfer de bouchons et de puanteur.
Ce mardi 19 août, l’image est saisissante. Sur l’autoroute Le Prince, une montagne de déchets s’est installée, grignotant l’espace de la chaussée. Les automobilistes avancent au pas, les visages fermés, tandis que l’air est lourd de l’odeur nauséabonde qui s’échappe de cet amoncellement de détritus. Pour les usagers, ce n’est pas seulement un désagrément, c’est une perte de temps et d’argent.
Baba Dembélé, un chauffeur de camion, résume l’exaspération générale : « Ici, ces derniers jours, on peut passer plus de 30 minutes sans bouger. On consomme du carburant inutilement. »
Les commerçants du marché, eux, se sentent trahis. « Nous payons la taxe au niveau de l’administration du marché, mais nous ne voyons aucune amélioration », se plaint une marchande, dont la voix est celle de dizaines d’autres.
Alors que les citoyens pointent du doigt les autorités, ces dernières se renvoient la responsabilité. Interrogé, un responsable de l’administratrice du marché a dénoncé le comportement incivique des habitants, qui refusent selon lui de s’abonner aux services de ramassage.
“« Pour vous dire la vérité, les gens ne veulent pas s’abonner aux PME de ramassage. Ils préfèrent venir déverser leurs déchets dans les bacs devant le marché, ou les jeter par terre. Certains le font même en voiture. Nous faisons beaucoup d’efforts pour nettoyer, mais nous sommes à bout”, soupire cette responsable qui préféré garder l’anonymat.
Un agent de la garde communale de Sonfonia accuse, lui, les habitants des quartiers voisins. Selon lui, ils viennent déverser leurs ordures en pleine nuit, défiant ainsi les brigades mises en place pour endiguer le phénomène.
“Ce sont les citoyens d’autres quartiers, comme Tombolia, qui viennent déposer leurs ordures à la gare. En fait, ils se considèrent toujours comme faisant partie de Sonfonia, alors que Tombolia est maintenant une commune à part entière. Nous luttons quotidiennement contre ce problème. Nous avons même mis en place des brigades pour cela, mais les gens ont une autre stratégie : ils viennent jeter les ordures tard la nuit”, a-t-il déploré.
De son côté, Mamadou Saïdou Diallo, le chef du service technique d’assainissement de la commune, met en cause la grève de la société de nettoyage Albayrak. Il reconnaît cependant les difficultés de la nouvelle commune : « Le nettoyage de la route Le Prince est assuré par la société Albayrak. Mais nous, nous enlevons souvent le bac à ordures que vous avez trouvé. Il est vrai que depuis avant-hier, les ordures sont visibles sur la route, mais c’est parce qu’Albayrak est en grève. Nous allons quand même revoir la situation. Nous n’avons pas de machines ; nous sommes une nouvelle commune. Nous avons hérité d’une situation. On est en train de régler les problèmes au fur et à mesure. »
En attendant, la montagne d’ordures continue de grandir, et avec elle, la colère des habitants. La gare de Sonfonia est un triste exemple d’un problème d’assainissement plus vaste qui, faute de coordination et de civisme, paralyse une partie de la capitale guinéenne et pourrissent la vie à ses habitants.
Dansa Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 19 août 2025 17:32
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