Défendant Ibrahima Sacko, poursuivi pour viol sur mineure au tribunal de première instance de Coyah, Maître Aboubacar Camara dénonce des manquements liés aux enquêtes préliminaires menées par les juges d’instruction.
Ce lundi 2 juin, lors des débats, Maître Camara a déploré que son client n’ait bénéficié de l’assistance d’aucun avocat lors de l’interrogatoire.
Lors des plaidoiries et réquisitions, le procureur a requis un an d’emprisonnement contre l’accusé, une condamnation vivement critiquée par son conseil.
‘’Les réquisitions du ministère public sont vraiment décevantes. Voilà un accusé qu’on poursuit pour des faits de viol commis sur la personne d’Adama Dian Diallo. Ni à l’enquête préliminaire, ni au niveau du cabinet d’instruction, l’accusé n’a bénéficié de l’assistance d’aucun avocat. Alors que fondamentalement, lorsqu’une personne est poursuivie pour des faits qualifiés de crimes, en lui notifiant ses droits, elle doit être assistée d’un avocat. S’il n’a pas les moyens de trouver un avocat, il appartient au ministère public d’alerter le bâtonnier pour qu’il soit commis d’office un avocat pour assurer sa défense’’, indique-t-il au micro de VisionGuinee.
Maître Aboubacar Camara estime que les droits de la défense de son client n’ont pas été respectés dans cette affaire. ‘’Durant tous les débats, aucun témoignage, ni la partie civile n’a comparu. Le ministère public s’est contenté seulement des déclarations faites par la fille, qui dit avoir été violée durant toute la nuit (…). Aucun acte de naissance n’a été versé aux débats pour justifier que celle-ci est mineure. Ce qui est surprenant, dès l’ouverture des débats, le président du tribunal a notifié que la victime a désisté de son action. Ce désistement signifie qu’elle n’a rien trouvé à l’égard de mon client. Elle n’a pas comparu. Aucun témoin n’a comparu’’, dénonce l’homme en robe noire.
‘’J’ai horreur quand il s’agit de la violation des droits de l’homme. Comment pouvez-vous imaginer que certains de nos magistrats restent indéfiniment dans leurs bureaux sans mener des enquêtes, même des enquêtes de personnalité à l’égard des accusés ? Cela incombe au rôle du juge d’instruction de pousser les pions, de ne pas rester dans les bureaux et se contenter seulement des déclarations faites par la partie civile ou celles provenant de l’interrogatoire de l’accusé pour, en fin de compte, rendre une ordonnance de règlement, l’ordonnance de renvoi pour qu’on procède aux jugements de cette personne. C’est ce qui m’a tiqué. Ce sont des choses à revoir, si nous voulons le rayonnement d’une bonne justice dans ce pays. Il faudra que nos cabinets d’instruction, qui sont dirigés par des juges d’instruction, ne se limitent pas à des opérations faites au sein de leur cabinet, mais qu’ils aillent sur le terrain. Pour ce cas-ci, dès lors que la victime dit : ‘J’ai été violée dans une maison à Manéah’, qu’est-ce qui empêchait le juge d’instruction lui-même de se déplacer avec la victime et l’inculpé jusqu’au niveau de cette maison pour au moins établir un bon travail ?’’, se demande l’avocat.
Maître Camara se dit convaincu que le 16 juin prochain, son client sera acquitté. ‘’Dans la mesure où le ministère public, dans ses réquisitions, pour un cas de viol, demande qu’on le condamne à un an d’emprisonnement ferme alors que mon client a purgé plus d’un an (…). Mais c’est une déception pour moi, parce qu’il aurait pu demander l’acquittement pur et simple. C’est une subtilité que j’ai toujours dénoncée à l’égard des représentants du ministère public’’, affirme-t-il.
Maître Camara souligne que son client, détenu en prison, est infesté de gale. ‘’J’ai remarqué qu’il se grattait sur tout le corps. Et cela est dû à la durée de la détention. Il est en prison sans jugement. C’est dans la journée du lundi 2 juin qu’il a pu voir au moins le soleil dehors. Il est malade et c’est à tort qu’on le poursuit’’.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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